lundi 6 décembre 2010

COMMENT PRIER SELON SA VOLONTE?

Par Guy Josia Ndombo
Dans plusieurs textes de la Parole de Dieu, les croyants sont invités non seulement à vivre, mais aussi à prier selon sa volonté. Concernant la prière Jean écrit que « Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute » (1Jn 5:14) ; d’aucuns ont même compris que « Dieu n'exauce point les pécheurs; mais, si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, il l'exauce » (Jn. 9:31).
Le problème courant que nous avons est celui de reconnaître quelle est la volonté de Dieu. Il arrive souvent que l’on soit en face d’une prise de décision où l’on ne sait pas exactement quel choix opérer. On voudrait bien savoir dans ces cas là quelle est la volonté de Dieu mais parfois ce choix n’est pas aussi évident que l’on aurait souhaité. Comment reconnaître la volonté de Dieu pour prier en fonction d’elle ? Nous allons essayer de débroussailler autour de cette question afin de savoir clairement quelle est la conduite à tenir.
Moyens pour connaître sa volonté
La parole d’Elihu nous introduit dans cette réflexion importante sur la volonté de Dieu. Il dit : « Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre » (Job 33:14). Etayant ses propos il affirme que Dieu parle « en songe, en vision, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, quand ils sont endormis sur leurs couches. Alors il fait des révélations aux hommes et met le sceau à leur instruction. … Par la douleur aussi l’homme reçoit un avertissement sur sa couche, quand une lutte continue vient agiter ses os. » (Job 33:15-19). Cet homme énonce donc un certains nombre de moyens par lesquels Dieu parle aux humains et leur fait connaître sa volonté.
Pour résumer cette lecture d’Elihu et l’harmoniser avec l’évidence générale des Ecritures, nous mettrons en exergue trois moyens ordinaires pour connaître la volonté de Dieu : la Parole de Dieu, la providence et les impressions du Saint-Esprit.
La Parole de Dieu réclame le pouvoir de rendre sage (Ps.19:7 ; 2Tim 3:15) et de  donner du « discernement, … de la connaissance et de la réflexion » (Prov. 1:4). Cette capacité de l’Ecriture à assagir est globale en ce qu’elle concerne aussi bien la vie spirituelle que la sagesse nécessaire pour gérer le quotidien. La Parole de Dieu peut « rendre sage à salut » (2Tim.3:15) et donner le discernement nécessaire dans les actions et la prise de décision dans la vie ordinaire. L’auteur du Psaume 119 s’adressant à Dieu dit : « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant selon ta parole » (Ps.119:9).
Celui donc qui voudrait connaître la volonté de Dieu doit nécessairement plonger ses regards dans la Parole de Dieu. La lettre de Jacques énonce clairement que celui « qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n'étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l'œuvre, celui-là sera heureux dans son activité » (Jac.1:25). Paul donne le même sens à la totalité de l’Ecriture : « que l'homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute œuvre bonne » (2Tim.3:17, TOB). En un mot, il est impossible de connaître la volonté en ignorant sa révélation qu’est sa Parole.
Dieu nous parle aussi par la providence.  La providence a été comprise comme l’intervention de Dieu sur le cours général des choses ou sur des événements particuliers. Quand nous lisons dans Job que Dieu avertit l’homme par la douleur, nous en comprenons que Dieu emploie ledit événement pour véhiculer un message. Dieu peut donc employer un événement (soit-il heureux ou malheureux) pour faire connaître sa volonté[1]. Les exemples des plaies en Egypte pour faire entendre raison à Pharaon (Ex.7-12) ou Balaam qui fait face à une opposition de l’ange et de l’ânesse qui lui parle (Nomb 22:15-35) sont quelques évidences bibliques que Dieu fait connaître sa volonté par la providence.
E.G. White résume ces points en écrivant :
Dieu nous révèle sa volonté par sa Parole, les saintes Ecritures. Sa voix se fait aussi entendre par les actes de la Providence : nous saurons la reconnaître si nous restons unis à lui, nous abstenant de suivre nos propres voies, d’agir à notre guise, d’obéir aux suggestions d’un cœur non sanctifié, ce qui aurait pour effet de nous ôter le discernement des choses spirituelles et de nous faire échanger la voix de Satan pour la voix de Dieu[2]
Dieu nous parle aussi par le Saint-Esprit. « Dieu fait aussi entendre sa voix par les appels du Saint-Esprit, produisant sur nos cœurs une impression qui se manifestera dans la formation du caractère.[3] » Le Saint-Esprit a la capacité de parler à l’esprit de chaque humain, pour peu que l’on soit disposé à l’écouter.
De nombreux indices bibliques montrent que le Saint-Esprit a une action directe et personnelle sur les individus. A ses disciples qui devaient se retrouver devant les autorités, Jésus a promis que le Saint-Esprit leur « enseignera à l’heure même ce qu’il faudra dire » (Lc.12:12). Paul déclare avoir été averti de ville en ville par le Saint-Esprit au sujet des tribulations l’attendant (Actes 20:23). Il ne dit pas si cela l’était par des visions comme cela est souvent mentionné (Actes 16:9-10 ; 18:9) ou par un autre moyen ; ce qui laisse une possibilité que le Saint-Esprit lui ait parlé directement. L’on sait de toutes façons que c’est « poussés par l’Esprit » que les disciples ont demandé à Paul d’aller à Jérusalem (Actes 21:4).
La question la plus pratique est de savoir comment est-ce que le Saint-Esprit s’adresse aux humains quand il ne procède pas par des songes et des visions. Le point de contact entre le Saint-Esprit et l’humain semble être l’esprit humain, le siège de l’intelligence ; le Saint-Esprit parle probablement aux hommes en leur envoyant des messages directs dans leur esprit.  Cela est évident du texte de Paul dans 1Corinthiens 2:9-16 :
Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Qui donc, parmi des hommes, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. Et nous en parlons, non avec des discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles. Mais l'homme naturel n'accepte pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n'est lui-même jugé par personne. Car Qui a connu la pensée du Seigneur, pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ.

Ce que l’on retire de ce texte est qu’avec la réception du Saint-Esprit, nous recevons la pensée du Christ, sagesse de Dieu par laquelle on connaît les choses de Dieu et que l’on juge les choses spirituellement. En d’autres termes, la volonté de Dieu est connue par l’homme de Dieu quand il est en contact avec l’Esprit de Dieu. Il faut pourtant signaler la forte redondance du langage de l’activité intellectuelle dans ce texte[4] pour comprendre que le lien entre l’Esprit de Dieu et l’humain se crée dans l’esprit humain. En parlant à notre esprit par le Saint-Esprit, Dieu peut nous faire connaître sa volonté.
« Dieu parle …, tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, et l'on n'y prend point garde » : ce texte nous apprend que cela va de la responsabilité humaine de savoir prendre garde et écouter la Parole de Dieu. Il faut être disposé à l’écouter, ce qui signifie qu’il faut prier, scruter les Ecritures pour agir en harmonie avec elles et être prêt à se soumettre à la volonté de Dieu quand elle sera connue.
Autres méthodes ?
Certaines personnes emploient d’autres méthodes comme moyens pour connaître la volonté de Dieu tandis que d’autres s’interrogent sur la validité de certaines d’entre elles. Nous allons brièvement examiner la méthode des signes et le tirage au sort.
Les signes :
De nombreuses personnes en face d’un choix difficile s’en remettent aux signes pour savoir quelle serait la volonté de Dieu. Elles sont souvent encouragées dans ce sens par le fait qu’elles trouvent de telles attitudes dans la Bible. On arbitrairement pourrait citer les cas de Moïse (Ex.4:1-9) et de Gédéon (Jg.6:17) qui demandent des signes pour authentifier la présence de Dieu et accepter sa mission.
Le moins que l’on puisse dire après l’examen de la question des signes dans la Bible est qu’ils sont la marque de l’indécision et de l’incrédulité (cf.Mt.13:58 ; Jn.4:48). Le refus de Jésus à donner des signes aux juifs qui refusent de croire en lui alors que l’évidence leur a été donnée par la prédication du Christ (Mt 12:38-39, cf. Marc 8:11) montre que l’on ne devrait pas chercher de signes quand la volonté de Dieu est expressément claire dans sa Parole. L’homme de Dieu gagnerait à marcher par la foi et non par la vue (2Cor 5:7).
Une des plus grandes réserves en matière de signes tient du fait que les signes sont une marque décisive de la séduction de Satan (Mt. 24:24 ; 2Thess 2:9 ; Apoc.13:13-14 ; 16:13). Avec sa puissance de séduction (2Cor.11:14), Satan a la capacité de contrefaire les événements et les choses au point de pouvoir donner un signe qui induira en erreur ceux qui rejettent la vérité énoncée dans la Parole de Dieu (2Thess.2 :9-12 ; Apoc.19:20). Cette activité de tromperie par les signes est particulièrement prononcée dans les temps de la fin (Mt. 24:24 ; 2Thess 2:8-9 ; Apoc.13:13-14 ; 16:13) ; ce qui appelle à une très grande prudence et à prendre les Ecritures comme notre sauvegarde.
Le tirage au sort :
Tirer au sort est une autre méthode très répandue. Elle consiste à énoncer un certain nombre de solutions, les tirer au sort et accepter l’issue finale comme la volonté de Dieu. Ici aussi, on retrouve la pratique dans la Bible comme enracinée chez plusieurs peuples[5]. Pour simplifier[6], nous dirons que l’on ne doit pas tirer au sort pour discriminer entre deux erreurs ou entre l’erreur et la vérité. La parole de Dieu doit d’abord être respectée, ensuite les principes les meilleurs de justice, de droiture et d’efficacité doivent être recherchés. C’est quand on se retrouve avec les solutions d’égale valeur dans le bien, dans la justice et en efficacité que l’on peut procéder au tirage au sort ; action sans laquelle on ne saurait départager. C’est ce que l’on entrevoit dans le choix de l’individu devant remplacer Judas en tant qu’apôtre (Actes 1:21-26).
Ils ont d’abord basé leur action dans la volonté révélée de Dieu (Actes 1:20) ; ils ont ensuite énoncé les conditions pour être nominé (vv.21-22). C’est remplissant ces conditions que deux individus se démarquèrent de la masse (v.23) ; ils prièrent (vv.24-25) signifiant qu’ils intégraient pleinement Dieu dans le processus et que lui seul pouvait déterminer—puisqu’il est seul à lire les cœurs—ce qu’ils ne pouvaient faire ; ils ont alors tiré au sort.
Conclusion
L’obscurité en face de la volonté de Dieu est très embarrassante pour plus d’une personne. Nous avons voulu introduire chacun aux moyens adéquats pour comprendre cette volonté quand cela est possible. Adhérer à la Parole de Dieu, savoir décoder les messages véhiculés derrière les événements, savoir écouter le Saint-Esprit sont autant de moyens par lesquels nous pouvons connaître la volonté de Dieu. Quand le flou persistera, nous devons toujours garder confiance en Dieu et prier que sa volonté soit faite même si nous ne la comprenons pas.


[1] Nous sommes conscients de ce que cette assertion soulève le problème de l’usage de la souffrance par Dieu pour véhiculer un message. Ceci n’est pas notre objet d’investigation mais suffit-il de dire que la souffrance peut être une alternative pour celui qui a refusé d’écouter Dieu en temps normal. Bien des personnes sont passées par ce processus : Pharaon, Jonas, etc.
[2] E.G.White,  Message à la Jeunesse, p.150.
[3] Ibid.
[4] Cette activité intellectuelle est démontrée par l’usage de nombreux termes intellectuels grecs tels que « ereunaô »(v.10) traduit par « sonder » et signifiant « chercher, » « examiner,» «investiguer » ;  « oida »(v.11, 12) et ginoskô »(v.11, 14, 16) traduits par « connaître » ; « didaktos » (ce qui est enseigné, v.13) ; « sophia » (sagesse, v.13) ; « moria » (folie, v.14) ; « anakrinô » (juger, vv.14,15); « nous » (pensée, v.16) et « sumbibazô » (instruire, v.16).

[5] Nb.26:55 ; 33:54 ; 34:13 ; 36:2 ; Jos.13:6 ; 18:6 ; 21:4; Jg. 20:8-10 ; 1Sam 14:42 ; 1Chr 24:6, 31; 25:8; 26:13-14; Néh. 10:34; 11:1; Ps. 22:18; Prov. 16:33 ; Eze 24:6; Joël 3:3; Jonas 1:7; Mat. 27:35; Marc 15:24; Luc 23:34; Jean 19:24; Actes 1:26.
[6] Un traitement complémentaire se trouve dans E.A. Patrick, Sept jours avec Dieu : l’ancien testament nous enseigne à prier (Yaoundé, Cam. : Biblical Studies Production, 2009), 57-59.