jeudi 22 juillet 2010

LA CONTEMPLATION : SE TENIR A LA PORTE DES CIEUX.

Dans le voyage progressif dans le domaine de prière et dans la recherche d’une vision parfaite de Dieu, nous devons nous atteler à vivre avec sa présence. Ceux qui se sont lancés dans cette recherche ou ont fait cette découverte ont été impressionnés par la vision de ce que Dieu est réellement et cela a changé leurs vies.
Considérons Jacob en fuite et esseulé sur son chemin, avec la lumière qui s’enfuit et laisse place à des ténèbres d’insécurité. Il se couche sur tout ce qu’il peut trouver de confortable—des pierres !—et s’endort. C’est dans le sommeil en ce lieu isolé qu’une vision lui est donnée. C’est en ce lieu qu’il découvre des choses jusque-là insoupçonnées. « Voici qu’une échelle était dressée sur la terre, et son sommet touchait au ciel ; et les anges de Dieu y montaient et y descendaient. Or l’Eternel se tenait au-dessus d’elle. » (Genèse 28 : 12, 13)

Dans cette vision grandiose, Jacob est impressionné de ce qu’il voit des choses qui jusque-là étaient des réalités lointaines. Il ne profitera pas uniquement de voir, il va aussi entendre les paroles de la bouche même de Dieu : « Je suis l’Eternel » (v.13). Face à l’incertitude qui anime le fugitif, face à la peur immense et à l’angoisse que vit Jacob dans ce coin isolé, Dieu va le bénir et lui faire des promesses très importantes.

La réaction de Jacob est intéressante : « Jacob s’éveilla de son sommeil et dit : certainement, l’Eternel est présent dans cet endroit, et moi, je ne le savais pas ! » (Genèse 28 : 16) Jacob appréhende pour la première fois la grande vérité sur la présence de Dieu. Il ne savait pas, il ne s’attendait pas à ce que ce soit en ce lieu que l’Eternel puisse se trouver. Peut-être avait-il d’autres idées sur les lieux où trouver l’Eternel ? En tout cas, c’est à cet instant qu’il découvre que Dieu est précisément là où il se trouve et cela le bouleverse. « Il eut de la crainte et dit : Que cet endroit est redoutable ! Ce n’est rien de moins que la maison de Dieu, c’est la porte des cieux ! » (v.17).

Par ces déclarations, Jacob veut exprimer sa découverte et une idée profonde. Il veut dire que dans ce lieu se trouve l’entrée du ciel et que l’ouverture vers le ciel y est possible. Jacob veut dire que Dieu habite dans ce lieu. Cela n’est pas seulement une possibilité, c’est une réalité, une certitude, cette ouverture vers le ciel existe. Jacob ne veut pas croire que Dieu a déménagé et que c’est en ce lieu qu’il vient d’aménager. Il vient de comprendre que Dieu est partout, même là où on ne le soupçonne pas.
La découverte de Jacob nous apprend un peu plus quant à la présence de Dieu. En fait, Dieu est là, mais on ne le sait pas, on ne le réalise pas. Cela veut dire que Dieu peut être là sans être perçu. Le fait de l’invisibilité et de l’imperceptibilité ne remet pas en cause la réalité. Le réel peut bien être invisible et exister tout de même. Le problème qui se pose en réalité est celui de la manifestation du réel invisible.
Le moment de la prise de conscience d’une présence et le moment de sa manifestation factuelle sont deux moments distincts qui peuvent être simultanés ou séparés. En d’autres termes, on peut prendre conscience de la présence de Dieu sans voir la manifestation de cette présence par des faits. C’est dire que la personne présente peut ne pas se manifester par des faits et cela n’enlève rien à la réalité de sa présence.

Cela va plus loin encore. Les faits eux-mêmes peuvent être invisibles et être tout aussi réels. Il reste donc à savoir par la foi que ces faits existent et témoignent d’une présence. Pour illustrer ce que nous disons, sachez que, selon le psaume (34 :7), l’ange campe autour de vous à l’instant où vous lisez cette phrase. Le voyez-vous ? Appréhendez-vous les actes qu’il pose pour vous arracher du danger ? Vous ne le voyez certainement pas, pas plus que vous ne voyez ce qu’il est en train de faire. Pourtant vous ne doutez pas une seconde qu’il est là et vous ne croyez tout de même pas qu’il a les bras croisés !
Dieu est là, autour de nous. Si nous le savions toujours, notre vie serait différente. Si nous le concevions toujours, notre prière serait que Dieu nous dirige vers l’éternité en nous retirant de la mauvaise voie.

Ne savez-vous pas que Dieu est présent ? Il est là. Réfléchissez-y une minute. Où se tient-il à l’instant où vous lisez cette phrase ? Que pensez-vous qu’il s’occupe à faire en vous regardant ? Eh bien, Dieu fait des choses, celles-ci peuvent être manifestes comme la vision de l’échelle vint révéler la présence de Dieu à Jacob. Elles peuvent aussi bien être voilées comme la même échelle était auparavant voilée à Jacob et il ne savait pas. Voulez-vous alors réaliser la manifestation de la présence de Dieu ? Il faut apprendre à vous tenir à la porte des cieux.

Si vous voulez voir Dieu, le contempler et l’entendre, rien n’est requis si ce n’est se tenir à la porte des cieux. Là, vous serez transporté dans la maison de Dieu. Vous verrez les anges s’activer au salut de l’humanité. Vous saurez que Dieu est là, vous appréhenderez la manifestation de sa présence.
Le principe en œuvre est analogue au décryptage des ondes radio ou TV. Elles sont là, invisibles, il faut se tenir au bon endroit, avoir un récepteur en bon état et régler celui-ci à la bonne fréquence. Ainsi et seulement ainsi on peut parvenir à capter les ondes présentes. De la même manière, les fréquences de Dieu sont là ; votre récepteur est-il réglé à Le capter ?

C’est pour répondre à cette question que David pria : « Sonde-moi, ô Dieu et connais mon cœur ! Eprouve-moi et connais mes préoccupations ! » (Psaume 139 : 23) Nous-y voilà ! La contemplation du vrai Dieu passe par nos préoccupations. Nos pensées. Si elles sont loin de Dieu, l’inéluctable conséquence est que nous ne serons pas à la fréquence de Dieu. Pour pénétrer la pensée profonde de Dieu, il urge de tourner les nôtres vers Dieu et ceci en commençant par vaincre la superficialité de nos préoccupations.

L’homme moderne vit par une superficialité trop déconcertante. Madame White a raison quand elle dit : « Nous sommes trop terre à terre » (Ellen G White, Vers Jésus, p.102) Il n’y a plus d’attachement profond, de recherche profonde de la connaissance de Dieu. Tout n’est que manifestation des désirs vaniteux, superficiels et éphémères. Or, pour connaître Dieu il faut de la profondeur d’esprit. Nos préoccupations ne doivent pas être de simples élucubrations qui sont la fuite du profond.
Ellen G. White fait une analyse importante : « Satan conduit plusieurs à croire que la prière à Dieu est inutile, juste un formalisme. Il sait bien à quel point la prière et la méditation sont nécessaires pour garder ceux qui suivent Christ en éveil pour résister à ses ruses et à ses tromperies. Les astuces de Satan détourneront l’esprit de ces exercices importants, afin que l’âme ne s’appuie pas sur le Tout-Puissant et recevoir de lui la force pour résister aux attaques » (Ellen G. White, Review and Herald Articles, Devotional Volumes, Book I, p.134)

Il apparaît très important que les chrétiens soient connectés à Dieu par la méditation. « les chrétiens seront connectés avec Dieu et intelligents aux choses de Dieu. La vérité et l’amour de Dieu est leur méditation » (Ibid. p.225) Nous pouvons retracer cette discipline de contemplation à l’origine de l’homme : « l’homme fait à l’image de Dieu pouvait contempler et apprécier les glorieuses œuvres de Dieu dans la nature » (Ibid. p.133)

Pour Ellen G. White «la méditation et la prière nous garderaient de nous précipiter sur la voie du danger et nous serions ainsi sauvés de plusieurs défaites. » (Idem., The Desire of Ages, p.126) Elle réaffirme aussi sur le pouvoir de changement qui réside dans la contemplation de Dieu et dit en chœur avec Paul : « contemplant la beauté de son caractère, nous serons changés en la même image de gloire en gloire » (Ibid. p.83)
Dans cette démarche, nous devons comprendre quel est le point même le plus important, le point essentiel de la méditation : Jésus-Christ. Jésus-Christ est le catalyseur de la vie de foi et de toute vie contemplative et de prière. « Il serait bien pour nous de passer une heure de réflexion par jour dans la contemplation de la vie du Christ. Nous devons le faire point par point, et laisser l’imagination saisir chaque scène, spécialement les dernières. Quand nous nous appuyons ainsi sur son grand sacrifice pour nous, notre confiance en Lui sera plus constante, notre amour sera vivifié, et nous serons plus imprégnés de son esprit » (Ibid. p.83) Comprenons d’autre part que « son sacrifice est le centre de notre espérance. Sur lui nous devons fixer notre foi » (Ibid. p.660)

Comprendre le point focal de la méditation qu’est le Christ, c’est comprendre son facteur dominant qu’est l’amour. Pour arriver à une contemplation progressive et meilleure, il faut être dominé et épris d’amour pour celui qu’on contemple. Il faut être passionné de lui et le désirer ardemment.

La passion pour Dieu est ce désir ardent de sa présence, de son amour qui caractérise tous ceux qui s’approchent de lui. C’est ce désir brûlant semblable à la soif qui affaiblit un corps qui se déshydrate et comme une faim insatiable ; cette passion que seule la présence de Dieu peut apaiser, qui se retrouve dans le chant des fils de Qoré.: « Comme une biche soupire après des courants d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, O Dieu ! Mon âme a soif de toi, du Dieu vivant : Quand paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Psaume 42 : 2,3)

Dans toute pratique quotidienne, il serait utile de consacrer des heures à la contemplation du Christ, à tremper de profonds regards dans les évènements, les faits, les paroles provenant de lui. Que nous plongions les yeux dans le salut à travers le sanctuaire, que nous discernions la main de Dieu dans les évènements du monde ou que nous admirions l’Artiste de la nature, le Saint-Esprit nous guidera à garder les yeux fixés sur Christ et à reconnaître que Dieu est amour. Notre faim et notre soif seront alors étanchés par Dieu.

Souvenons-nous toujours : chaque fois que nous serons transportés dans la recherche de Dieu, nous verrons que Dieu est là prêt à bénir. Dieu vit au milieu de nous, nous avons juste à ouvrir les yeux spirituels et contempler qu’il se tient au sommet de l’échelle et ordonne aux anges d’œuvrer à notre salut et à notre bien suprême. Quand nous nous arrêterons et penserons à la présence de Dieu, sachons que nous sommes à la porte des cieux et que le bonheur est juste à côté de nous. Vivons-le.

mardi 20 juillet 2010

LE CONCEPT DE THEOLOGIE AFRICAINE

Le concept de théologie africaine est très complexe et l’on ne peut le simplifier de façon importante sans risquer de le sous-estimer. Selon Kabasélé Mukengue, « la théologie africaine est une réalité variée et parfois fuyante» ; et le traitement que l’on en fait est obligé d’admettre les raccourcis, la schématisation et la simplification La théologie africaine soulève de nombreuses questions au même titre qu’elle se propose de résoudre certains problèmes. La théologie africaine est-elle une revalorisation des religions traditionnelles africaines ? Est-ce simplement une approche d’affirmation du christianisme africain ou alors on devrait plutôt y lire une révolte contre « le christianisme blanc », cette religion du colonisateur ?

Dans ce travail, nous proposons de défricher le concept pour clarifier si la théologie africaine est juste une ligne de pensée ou un mouvement. Nous allons également essayer de découvrir quels sont les bienfaits d’une théologie qui se réclamerait purement africaine tout en prospectant sur les potentiels risques et dangers qui peuvent faire leur lit dans un tel concept.

L’intérêt de cette réflexion réside dans l’approche même du concept ; l’idée de théologie africaine projette – au moins à un certain degré – une lecture théologique partant du point de vue africain. Ce qui, du coup, engage les approches herméneutiques, parfois politiques et économiques, voire comportementales du chrétien.

Dans les limites de cette réflexion, nous focaliserons notre attention sur la définition, certaines caractéristiques du concept ou du mouvement. Nous dégagerons par la suite quelques avantages et quelques limites inhérentes au concept, limites qui serviraient comme des gardes fous protégeant le chrétien contre un quelconque repli identitaire nationaliste ou racial.

La méthodologie de cette réflexion, essentiellement bibliographique, consistera à proposer, dans un premier chapitre, une approche de définition de la théologie africaine ; et à relever dans un second chapitre les avantages et les dangers qui guettent la théologie africaine.

Nous présupposons par cette réflexion qu’une pensée théologique africaine a sa place parmi les diverses contributions pour faire progresser la science théologique et le peuple de Dieu ; a fortiori dans un environnement ouvert et globalisé où toute pensée unique est difficile à tenir et où tout est sujet à débat. Nous affirmons cependant que la théologie africaine suscite de sérieuses réserves tant elle peut exacerber les replis identitaires, créant des cloisons entre le peuple unique, uni, et universel de Dieu, le détournant du point focal qu’est l’espérance en Jésus-Christ et la libération du péché.



CHAPITRE I

NOTION DE THEOLOGIE AFRICAINE

Dans ce chapitre nous allons proposer une clarification de la notion de théologie africaine. A ce propos nous parlerons respectivement des origines et des principes qui sous-tendent la théologie africaine.



Origine et définition de théologie africaine

Le concept de théologie africaine est vaste et renvoie à plusieurs significations qu’il faut pouvoir mettre en lumière. Pour parvenir à cette fin nous commencerons par retracer les origines du concept de théologie africaine.



Origine du concept

L’expression « théologie africaine » est tout à fait récente bien que l’on puisse retracer très loin dans l’histoire les contributions des noirs dans divers débats théologiques . Le concept s’est développé à la suite de la rencontre à caractère œcuménique des théologiens africains à Ibadan au Nigéria en janvier 1966.

Le rapport de cette rencontre financée par la Conférence des Eglises de toute l’Afrique a été publié, la version française ayant paru aux éditions Clé de Yaoundé sous le titre : Pour une théologie africaine : rencontre de théologiens africains Ibadan.

Selon ce document la rencontre avait pour objectif d’amener les théologiens africains à « réfléchir ensemble sur une foi chrétienne qui leur avait été transmise des Eglises plus anciennes de l’Occident, et des missionnaires élevés dans une autre culture. » E. Bolaji Idowu qui préfaçait l’ouvrage ajoutait : « le but de cette consultation est de découvrir les meilleurs moyens d’exprimer et d’implémenter la foi chrétienne en Afrique. » Depuis lors, plusieurs développements ont eu lieu et la théologie africaine connaît à ce jour une structuration aussi bien solide que diversifiée.

Approche de définition

Bien que la théologie africaine soit bien développée à ce jour, la tâche la plus difficile reste à lui trouver un contour définitionnel bien précis. On en est encore à se demander si la théologie africaine est simplement la théologie faite par les africains ou si c’est un mouvement de pensée qui se replie sur l’Afrique. Rien n’est très clair à ce jour. D’autres questions plus complexes se greffent d’ailleurs à ce débat, comme la distinction entre la théologie africaine et la théologie noire.

Les penseurs dans ce domaine sont divisés sur la question : par exemple J. Mbiti déclare que « la théologie noire ne peut et ne deviendra jamais la théologie africaine » tandis que Desmond Tutu voit la « théologie noire (afro-américaine) comme le cercle interne de quelque chose de plus large, encadré par la théologie africaine. »

Au regard de toutes ces considérations et des objectifs proposés au départ par la rencontre d’Ibadan, il est plus simple que nous proposions la notion de théologie africaine comme un mouvement de réflexion théologique mené par ou pour les africains et/ou les noirs. Comme nous le reverrons, la théologie africaine tient en bonne place les religions traditionnelles africaines et essaye par des mouvements variables soit d’intégrer ces croyances africaines dans le christianisme soit alors de les pacifier par l’évangile chrétien.



Quelques principes sous-jacents au concept de théologie africaine

La théologie africaine est un domaine d’étude assez vaste ; nous allons cependant énoncer quelques uns des principes opérationnels de cette discipline. Nous parlerons à ce propos des idées dominantes et des sources.



Les idées

Lael O. Caesar énonce que « la libération est le thème dominant dans la théologie noire. » A ce titre la libération d’Egypte et l’Exode d’Israël servent comme base puissante pour la théologie africaine. Pour Cone, « parler du Dieu du christianisme est parler de celui qui s’est défini comme le libérateur des opprimés.» Certains ont même pensé que la théologie Africaine de la libération est la réaction naturelle contre la déshumanisation perpétrée par les occidentaux sur les africains.

L’enjeu théologique ici est la libération ou l’émancipation des noirs dans une démarche intégrative de la notion de Dieu qui libère les esclaves ou toute autre catégorie de personnes, de toute forme d’oppression. Il s’agit de mettre en exergue la théologie d’un Dieu qui se soucie de défendre et de rendre justice à son peuple oublié, oppressé, rejeté et méprisé.

La seconde idée marquante de la théologie africaine que nous allons relever est l’inculturation. Il faut noter une progression dans la démarche à ce niveau. La première étape dans cette démarche a été le souci d’évangélisation de l’Afrique. Les premières entreprises africaines et occidentales à ce sujet étaient de chercher comment enraciner l’évangile dans les cultures africaines largement dominées par les religions traditionnelles. C’est l’idée de la rencontre d’Ibadan par exemple.

D’autres rencontres avec le même souci se sont tenues et l’on a noté des évolutions. On peut notamment remarquer, comme le fait le rapport de Lausanne sur l’évangélisation, une sorte de mouvement de révolte. En effet il y a eu de la part de certains nationalistes « un désir d’héritage culturel et spirituel non contaminé par l’influence coloniale occidentale, … Un désir pour une supposée identité historique et religieuse dignifiée » et « une réaction contre les systèmes imposés.»

Le résultat des réflexions de cette nature est que le mouvement qui visait la pénétration de l’évangile dans les cultures africaines a été supplanté par le vent contraire visant à introduire ou intégrer les réalités culturelles africaines dans l’évangile chrétien, d’où la notion d’inculturation. Maluleke cite Bediako sur la vision de la théologie africaine. Selon ce dernier,

La christianisation de la tradition préchrétienne (d’Afrique) peut être vue comme la plus grande réalisation de la théologie africaine… A la suite de la christianisation de la tradition africaine, le christianisme africain doit réaliser l’africanisation de l’expérience chrétienne .



Dans cet élan, plusieurs ont préconisé la suppression des langues occidentales dans les services de culte en Afrique allant même jusqu’à déclarer que « la décolonisation de la langue est plus difficile que la décolonisation de la terre » comme pour affirmer que l’usage des langues occidentales par les Africains est une continuation de la colonisation.



Les sources de la théologie africaine

Dans cette sous-section nous allons essentiellement présenter le stade actuel de la pensée théologique africaine où les théologiens remettent en cause l’autorité de la Bible comme source suffisante de la théologie. C’est Maluleke qui résume bien le point de vue des penseurs africains qui estiment que :

La Bible ne contient pas les réponses et les solutions aux questions religieuses si bien que les chrétiens africains devraient choisir le modèle biblique le plus approprié à leurs besoins ; et la Bible ne constitue pas le seul sujet matière de la théologie .



S’il est vrai à ce niveau que les sources de la théologie sont diverses , les théologiens africains s’éloignent de l’orthodoxie protestante de la Sola Scriptura. Ils estiment que se tenir sur ce fondement c’est être pris dans la trappe biblique de laquelle il faut échapper . Nombreux rejettent la Bible au motif qu’elle n’a jamais été écrite par les opprimés mais par l’oppresseur : « les peuples opprimés de la Bible n’ont pas écrit la Bible. Leurs luttes nous sont parvenues à travers les luttes des oppresseurs. »

Dans cette optique de sortie de la trappe biblique Maimela suggère que les théologiens noirs doivent baser leur théologie, non sur une « lecture matérialiste de la Bible, » mais sur « des arguments pragmatiques et moraux. » Les théologiens africains prétendent que ce ne sont pas ceux qui ont apporté l’évangile chrétien en Afrique qui ont condamné et « démonisé la culture traditionnelle africaine » mais que cette condamnation est de la Bible. A ce motif ils rejettent l’autorité unique de la Bible et estiment que continuer à l’estimer comme seule norme c’est « être en continu avec l’héritage africain de la Sola Scriptura Protestante »

L’idée principale qui se dégage de la position des théologiens africains sur la source de la théologie africaine est qu’ils n’accordent pas à la Bible l’autorité suprême et emploient, comme l’a dénoncé Lael O. Caesar, « les méthodes historico critiques d’interprétation . »



CHAPITRE II

AVANTAGES ET LIMITES DE LA THEOLOGIE AFRICAINE

Après voir parcouru la notion de théologie africaine depuis ses origines jusqu’aux principes opératoires, nous allons à présent examiner la valeur d’une théologie dite africaine. Nous allons à ce propos relever quelques avantages et émettre un certain nombre de réserves quant à la validité de ce courant de pensée.



Les bienfaits de la théologie

La théologie africaine ou noire draine avec elle un certain nombre d’aspects positifs. Parmi ces avantages nous allons brièvement relever l’évangélisation de l’Afrique et la contribution africaine à l’agora des peuples en matière de théologie.

Dans la mesure où le premier objectif de la théologie africaine fixé à Ibadan était de trouver les moyens les meilleurs pour l’évangélisation de l’Afrique, nous pouvons d’emblée dire que cela est un point positif à cette entreprise africaine. Il est observable que la situation de l’évangélisation a largement évolué en Afrique. En effet, l’évangile chrétien—si on excepte certains Etats arabes—est largement répandu en Afrique. Nous donnerons deux domaines où la christianisation de l’Afrique a évolué.

Le domaine de la traduction est celui que nous citons en premier pour observer la progression de l’évangile. En effet, avec la traduction de la Bible en plusieurs langues africaine, l’évangile est rendu accessible en langues vernaculaires. Cela crée une appropriation de la Parole de Dieu par les peuples africains qui trouvent dans le texte biblique les mots par lesquels ils identifient réellement leur foi.

Le deuxième domaine où nous observons une utilité de la théologie africaine est la contextualisation. En effet le mouvement de théologie africaine a fait un travail remarquable en cherchant à pénétrer les cultures africaines en analysant les différents contextes et en trouvant des passerelles entre les religions traditionnelles africaines et l’évangile chrétien.

Nous citerons en dernier la contribution africaine aux débats théologiques comme avantage de la théologie africaine. L’on peut en effet saluer la participation des théologiens africains aux grands débats théologiques dans la mesure où cette contribution fait tenir compte de la nécessité d’explorer la Bible en respectant les réalités contextuelles et des spécificités de chaque groupe de population.



Les limites du concept de théologie africaine

Bien que la théologie Africaine présente quelques aspects intéressants, certains de ses concepts soulèvent de sérieuses questions et en appellent à de sérieuses réserves. Nous allons relever ici quelques limites inhérentes aux idéaux de la théologie africaine et à ses sources avant de relever le caractère essentiellement partisan de ce courant de pensée.



Les limites inhérentes aux idéaux et aux sources

La première limite que l’on peut formuler à l’égard de la théologie africaine est son usage de la théorie du complot. Le problème ici réside dans le fait qu’elle s’appuie largement sur l’oppression que les noirs ont eu à subir dans l’histoire—la traite négrière et la colonisation—pour justifier ses luttes. Pour certains théologiens africains, comme pour de nombreux intellectuels africanistes, le colon blanc est principalement responsable des misères de l’Afrique.

Ce langage du complot a cette limite essentielle qu’il masque la responsabilité et l’incompétence des dirigeants africains, et leur échec à redresser l’Afrique noire plus de quarante ans après les indépendances. Cette limite est bien soulignée par Axelle Kabou qui pense que l’Afrique elle-même refuse le développement et que la volonté de développement des Africains est un « mythe coriace. » Elle écrit :

La volonté de développement de l’Afrique est loin d’être une évidence… Le mythe de développement de l’Afrique paraît remplir trois fonctions essentielles : disculper d’avance la classe politique de tout soupçon d’incompétence en détournant les esprits vers un interminable complot international…

Dans ce livre où elle dénonce « le complexe de persécution, » ancré dans les attitudes africaines, Axelle Kabou affirme que « la lecture africaine de la traite négrière et du fait colonial est un simplisme ahurissant » Dénonçant « trente années de décolonisation ratée, d’africanisation maladive, » elle observe que « l‘Afrique humiliée en est encore à donner le change, à se leurrer, à se comporter, en un mot, comme si toutes les valeurs traditionnelles étaient dignes d’être conservées » et qu’aujourd’hui encore « tout se passe comme si les Africains ne se consolaient toujours pas d’avoir perdu leurs grands empires, comme s’ils étaient déterminés à pleurer indéfiniment leur passé édénique. »

Bien que notre thème ne se rapporte pas à l’Africanisation, il est évident que les théologiens africains agissent dans la même ligne de pensée, ce qui est tout à fait déplorable. En effet, cela met l’accent sur les conflits passés ou présents entre les occidentaux et les noirs, tout en omettant volontairement la gestion calamiteuse des dirigeants même religieux d’Afrique.

Tout à la suite de cette théorie du complot, se trouve la dérive de l’interprétation historico critique de la Bible. En effet, dans une volonté de conserver les valeurs traditionnelles condamnées par la Bible, les théologiens en sont venus à proposer de sélectionner les portions bibliques qui leur étaient utiles et de rejeter celles qui condamnaient les diverses idolâtries et cultes noirs. Cet aspect de la théologie africaine est contraire à toute théologie fondée sur la Sola Scriptura et sur la totalité de la Parole de Dieu.

C’est dans cette même lancée que l’on peut condamner le mouvement d’inculturation qui a pratiquement les mêmes présupposés : il s’appuie sur le conflit Occident-Afrique et fait une lecture historico critique da la Bible à l’effet d’introduire dans le christianisme les valeurs et pratiques africaines. Les théologiens africains tentent ainsi d’africaniser le christianisme alors que l’évangile est en lui-même porteur des valeurs propres à guider le chrétien.



Les dangers d’une théologie partisane

La théologie africaine est dans son essence une de ces approches libérationnistes que le monde connaît aujourd’hui. Comme la théologie africaine, les diverses théologies de la libération ont des valeurs certaines. Elles rendent compte au premier chef de la présence de Dieu qui sauve, elles insistent sur l’urgence d’une approche libératrice enracinée dans la justice et l’amour et au plus haut degré, elles font une relecture de la Bible qui cherche à faire de la Parole de Dieu la lumière et la nourriture du peuple de Dieu au milieu de ses luttes et de ses espérances. Tous ces aspects sont positifs en ce qu’ils rendent la Bible actuelle.

Mais une lecture aussi engagée de la Bible comporte des risques. Le principal risque dans ce sens est le danger d’une approche partisane. En effet, la lecture biblique de la théologie africaine se concentre sur des textes narratifs et prophétiques qui éclairent des situations d’oppression, en cela elle est partiale et partisane. S’il est exact que « l’exégèse ne peut être neutre, » il est vrai qu’elle « doit aussi se garder d’être unilatérale. Par ailleurs, l’engagement social et politique n’est pas la tâche directe de l’exégète.»

Les Adventistes du 7ème jour ont toujours rejeté la théologie africaine au motif qu’elle tend à fragmenter une église à caractère essentiellement universel : l’Eglise Adventiste se veut une et mondiale bien que sa diversité culturelle varie d’un point à l’autre. Les Adventistes pensent que c’est « à la fois dangereux et tordu que l’expérience personnelle devienne la base et le test des vengeances par l’Ecriture. » Par ailleurs, les Adventistes estiment que le principe de la Sola Scriptura est inaliénable et sert tout le monde alors que les conclusions d’une théologie partisane « peuvent difficilement être équilibrées » et que l’emphase sur Jésus comme Sauveur plus que Créateur apparaît comme la « faiblesse théologique la plus significative des interprétations bibliques multiculturelles. »



CONCLUSION

Dans ce travail consacré à l’examen du concept de théologie africaine, nous avons essayé de cerner le vaste champ d’idées et de pratiques que ce mouvement représente aujourd’hui. Dans une première partie, nous avons essayé de définir le concept de théologie africaine et de le clarifier à la lumière des principes qui sont énoncés par ses propres penseurs.

Dans une seconde partie nous avons pu relever certains avantages d’une théologie qui se voudrait africaine. Ces avantages sont essentiellement relatifs à l’évangélisation et au soutien psychologique apporté aux africains qui découvrent que les africains ne sont pas les oubliés de l’histoire biblique.

Après ces avantages, nous avons pu démontrer que le concept de théologie africaine comporte un certain nombre de risques et de limites. Nous avons pu montrer qu’une telle théologie essentiellement engagée, donc partisane, ne sert qu’un groupe alors que l’Eglise de Dieu est universelle. De la même façon elle rejette l’ensemble de la révélation biblique comme un tout inspiré et devient ainsi partiale ; tout résultat écartant le théologien du principe fondamental de la Sola Scriptura.

Au sortir de cette réflexion, nous pouvons dire qu’il serait fort utile que les théologiens ou croyants d’Afrique intègrent les travaux des théologiens africains dans leurs recherches des approches d’évangélisation de l’Afrique, mais qu’ils s’abstiennent d’employer non seulement les présupposés historico critiques mais les approches purement partisanes de la théologie africaine.



BIBLIOGRAPHIE

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Nkou, Joseph. Notes de cours de théologie africaine. Nanga-Eboko, Cameroun : Université Adventiste Cosendai, 2009.

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Tite, Rev. Tienou. Report of the Consultation on World Evangelization, Mini-Consultation on Reaching Traditional Religionists (Africa). Paper 18.

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Bediako, Kwame. Theology and Identity: The Impact Of Culture Upon Christian Thought in the Second Century and Modern Africa. Edinburgh: University Press, 1992.

Samartha, Stanley J. “Scripture and Scriptures.” Voices from the Margin: Interpreting the Bible in the Third World. Edited by. R.S. Sugirtharajah Maryknoll, NY: Orbis Books, 1995.

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Maimela, Simon. "Black Theology and the Quest for a God of Liberation". Theology at the end of Modernity. Essays in honour of Gordon D. Kaufman. Devaney, Sheila Greeve (ed). Philadelphia: Trinity Press, 1991.

Kabou, Axelle. Et si l’Afrique refusait le développement ? Paris : L’Harmattan, 1991.

Interprétation Biblique : Document de la Commission biblique pontificale, l’interprétation de la Bible dans l’Eglise. Préface du Cardinal Joseph Ratzinger. Rome, np., 1993. Version électronique dans w.w.w.ictus.com



mercredi 7 juillet 2010

Les Actions de grâces : savoir reconnaître ce que le Seigneur fait pour nous !

« Car qui est-ce qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu ? » (1 Corinthiens 4:7).
Le texte ci-dessus énonce la réalité que beaucoup d’êtres humains refusent. Tout ce que nous avons est acquis, tout nous est donné ! Notre naissance, la vie, l’air, la nourriture, les avoirs, la santé, bref, l’existence ! Nous n’existons pas par notre propre volonté et ne restons pas en vie parce que nous le décidons ou que nous y mettons de notre puissance.
Nous devons donc admettre les paroles du Christ : « car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 :5) et reconnaître que c’est lui qui « soutient toutes choses par sa parole puissante » (Héb. 1 :3). Ceci nous place au cœur même de la signification des actions de grâces.
Qu’est-ce que l’Action de grâces[1] ?
La notion d’action de grâces est une réalité bien vaste dans la Bible. Dans l’ancien testament (AT) on la retrouve dans divers contextes. elle est habituellement traduite par « reconnaissance,» «gratitude,» « actions de grâces,» « confession» ou « louange.»[2] L’expression « actions de grâces » en elle-même doit être bien comprise. Elle comporte deux réalités : Dieu pose des actes de actes de faveur (actions de grâce) et nous y répondons par notre reconnaissance (rendre grâces). L’instant d’action de grâce est le moment de célébration de ces deux événements combinés.
On retrouve significativement l’expression « action de grâces » dans les offrandes sacrificielles (Lév. 7 :12,13, 15 ; 22 : 29 ; 2 Chron. 29:31 ; 33 :16 ; Ps. 50 : 14, 23 ; 116 :17, Jérémie 33:11 ; Amos 4:5 ; Jonas 2:9). Ce qui signifie que la reconnaissance des bienfaits de Dieu pour les hommes d’antan était manifestée par une offrande à Dieu.
Mais l’expression a aussi été appliquée aux hymnes témoignant les remerciements (Joshua 7:19 ; Néhémie 12:27 ; Ps. 42:4 ; 69:30; 95:2; 100:1; 100:4;147:7; 26:7; Esaïe 51:3 ; Jérémie 30:19 ;33:11). Le moins que l’on puisse dire est que la reconnaissance des bienfaits de Dieu dans l’AT était une affaire importante qui donnait lieu à des compositions musicales et des publications et des célébrations parfois grandioses.
Dans le Nouveau Testament (NT), l’expression « action de grâces » signifie de même la gratitude, la reconnaissance[3]. Elle est parfois synonyme de louange (1 co 14 ; peut-être Eph 5 :4 ; Phil 4 :6) et est très souvent associée à la prière (2 Cor 1:11 ; Eph. 1:16; Philippiens 4:6; Col. 4:2; 1 Thess. 1:2; 1 Tim. 2:1; Philémon 1:4).
Il est impressionnant comme le thème de la gratitude et de la reconnaissance est récurrent dans le NT et surtout dans les écrits de Paul. Les actions de grâces se retrouvent dans la plupart des introductions des lettres de Paul. C’est dire que Paul rendait grâces à Dieu en toutes circonstances. Il écrit d’ailleurs : «Rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus –Christ » (Ephésiens 5:20) ; « Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus -Christ. » (1 Thess. 5:18).
C’est bien étrange que l’on doive rendre grâces en toutes choses et pour toutes choses. On ne saurait dire si la notion de totalité paulinienne ici est absolue ! On peut comprendre que l’on rende grâces pour la nourriture (Matthieu 15:36 ; 26:27; Marc 8:6; 14:23; Luc 22:17; 22:19; Jean 6:11; 6:23; Actes 27:35; Romains 14:6; 1 Cor 10:30; 11:24), pour des bienfaits (2 Cor 9:11, 12); pour la présence des frères (Actes 28:15), pour la guérison (Luc 17:16) ou l’exaucement des prières (Luc 17:16), etc. Mais peut-on admettre l’action de grâces pour un mauvais mobile (Luc 18 : 11)? 
La question se pose aussi de savoir s’il faut remercier Dieu quand tout va mal. A celle-ci, on peut répondre affirmativement. Nous ne pouvons pas (et ne devons certainement pas) remercier Dieu pour les malheurs qui nous arrivent mais on peut se réjouir et le remercier de ce que quand tout va véritablement mal pour nous et autour de nous, il nous donne la force de résister ; et même on peut le remercier que les choses ne soient pas pires ! C’est le sens de l’enseignement que l’on tire de l’exemple de Paul qui, du fonds de la prison qui le mène à la mort, a la force de se réjouir et d’écrire sa lettre la plus joyeuse ( Philippiens) devenue le livre le plus joyeux de la Bible.
Dans ce livre il écrit l’encouragement suivant : « Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. » (Philippiens 4:6). Selon ce texte ce type d’actions de grâces, loin de dire à Dieu que nous sommes joyeux et satisfaits de la mauvaise situation en cours, témoigne tout simplement de notre confiance en Dieu. Cela participe de l’idée biblique de toujours se réjouir se réjouir ou se satisfaire dans le Seigneur (Matt 6:34 ; Actes 5:41 ;   2 Cor 6:10 ; 12 :9; 1 Thess 5:16 ; 1 Tim. 6:6 ; Héb 13:5; 1 Pierre 4:13). Se réjouir dans l’Eternel c’est cela : célébrer quand tout va bien et se contenter de la phrase « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse » (2 Cor 12 :9) quand tout va mal.
Focaliser ses actions de grâces
L’esprit humain est parfois curieux ! Lors d’une réunion administrative où les débats n’avançaient pas, le président du conseil ayant compris ce qui créait problème se leva et prit une large feuille de papier vierge. A l’aide d’un crayon il fit un petit point noir au centre du papier, papier qu’il brandit devant tous les membres en leur demandant ce qu’ils voyaient. Ceux qui étaient tout près dirent qu’ils voyaient un petit point. Certains dirent qu’ils avaient vu le président inscrire quelque chose sur le papier mais qu’ils n’arrivaient pas à distinguer ce que c’était ; la majorité dit tout simplement qu’ils ne voyaient rien du tout ! Le président leur fit remarquer que tous avaient manqué d’observer que ce qu’il brandissait devant eux étaient une large feuille blanche ! Ils avaient tous cherché à discerner le petit point mais avaient ignoré le grand papier devant leurs yeux.
Nous avons ici le comportement caractéristique de plusieurs d’entre nous, soucieux que nous sommes de chercher à voir des choses spéciales en oubliant l’image globale. Le problème posé ici est celui du refus de voir ce qui est évident juste parce que cela l’est. L’esprit humain aime aller à la conquête de ce qui n’est pas évident et ignore ce qui est juste devant lui.
Dans le domaine spirituel, la même réalité existe. Nous sommes tellement absorbés par les «grandes choses » que nous oublions parfois les « petites choses » devant nous. Parce que ces « petites choses » pour nous deviennent évidentes et nous n’en faisons plus cas. Ces « petites choses » sont tellement évidentes que nous commençons à croire qu’elles sont innées, parfois même nous pensons qu’elles sont un dû, que nous les méritons. Nous sommes ainsi souvent portés à de « grands » témoignages sur les « grands exploits » que Dieu a accomplis à notre égard que nous oublions de rendre grâce pour les choses simples. Nous disons facilement Alléluia pour les choses extraordinaires et nous oublions le simple merci pour les choses ordinaires. En général, c’est quand les « petites choses » viennent à manquer que nous comprenons à quel point elles sont importantes et à quel point même pour elles nous dépendons de Dieu.
Me fondant sur les propos de Jésus que « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes » (Luc 16 :10) je propose que notre foi apprenne à remercier Dieu pour toutes ces petites choses, ce qui sera notre façon de lui confier la totalité de notre vie. Cela nous évitera le risque très habituel de croire que les choses sont gagnées d’avance et que nous pouvons beaucoup de choses par nous-mêmes.
Avez-vous déjà remercié Dieu pour les allumettes ? Connaissez-vous le coût d’une bûchette d’allumette ? Pour ceux qui utilisent les allumettes pour faire le feu, il est impossible de cuisiner sans avoir des allumettes. J’ai eu à l’expérimenter plusieurs fois, surtout quand il faut cuisiner la nuit et que les boutiques du coin sont fermées, la dernière bûchette devient précieuse. Une fois j’ai dormi sans manger dans l’impossibilité de cuisiner. Ceci est le moindre mal.
Le regretté pasteur Richard Wurmbrand (1909-2001), l’un des évangélistes les plus célèbres du XXème siècle racontait comment les hommes mourraient dans les prisons de Sibérie à cause du manque d’allumettes. Il fut détenu pendant quatorze ans pour sa foi et il rapportait que les geôliers les enfermaient dans des cellules gelées dans lesquelles il fallait avoir les allumettes pour allumer le chauffage. Malheureusement les allumettes n’étaient pas fournies par la prison et il fallait que les prisonniers se débrouillent eux-mêmes pour en avoir. Ceux qui n’en avaient pas étaient condamnés à mourir ! Avez-vous déjà remercié Dieu d’avoir accès aux allumettes pour presque rien ?
Et que dire de l’eau ? Combien de fois dites-vous merci à Dieu pour l’eau ? Dans les mêmes prisons de Sibérie, le pasteur Wurmbrand témoignait que les prisonniers mourraient de faim ! La stratégie des geôliers était simple : donner du poisson séché et fortement salé aux prisonniers. Ceux qui en mangeaient devaient souffrir d’une soif mortelle, l’eau n’étant pas offerte. Alors les prisonniers préféraient ne pas manger du tout au lieu de mourir de soif !
Nous devrions réellement apprendre à remercier Dieu pour ces choses que nous pensons être insignifiantes, elles sont tellement simples que cela devient même difficile de les remarquer. Du coup, nous n’arrivons pas à remercier Dieu pour. C’est seulement quand nous prenons la mesure des choses qui manquent aux autres mais que nous avons plus ou moins facilement que nous comprenons que les avoir est un privilège, une grâce. Apprendre à regarder à tout ce que Dieu fait pour nous peut enrichir notre vie de louange et d’actions de grâces.

[1] L’orthographe de cette expression est variée, on peut écrire avec des singuliers partiels (action de grâces : 1Co 14 :16 ; Apoc 7 : 12 / actions de grâce : Nb 6 : 14) ou totalement au pluriel (actions de grâces). Tout cela renvoie bibliquement à la même notion.
[2] Le mot hébreu fréquent pour « actions de grâces » est « hd'AT »(towdah). Ce mot provient de la racine verbale «hd'y" » (yadah).  yadah signifie primitivement « tendre la main » et par extension révérer ou adorer (avec la main tendue). Il a aussi le sens de confesser, louer, et remercier. towdah véhicule donc l’idée confession, reconnaissance, action de grâces ou remerciement. Voirtowdah," "yadahLaird Harris, Gleason L. Archer Jr. and Bruce K. Waltke, The Theological Wordbook of the Old Testament (Illinois, Chicago: Moody Press, 1980)
[3] Le terme grec traduit est « eucharistia »

mardi 6 juillet 2010

In Christ alone


Quand la chaleur de vos problèmes vous consume, Christ seul peut faire tomber la température par sa paix! Quand des nuages sombres de désespoir envahissent votre vie, Christ seul peut vous redonner la lumière de l'espoir! En Christ seul nous avons paix, assurance, sécurité et vie en abondance!