mercredi 7 juillet 2010

Les Actions de grâces : savoir reconnaître ce que le Seigneur fait pour nous !

« Car qui est-ce qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu ? » (1 Corinthiens 4:7).
Le texte ci-dessus énonce la réalité que beaucoup d’êtres humains refusent. Tout ce que nous avons est acquis, tout nous est donné ! Notre naissance, la vie, l’air, la nourriture, les avoirs, la santé, bref, l’existence ! Nous n’existons pas par notre propre volonté et ne restons pas en vie parce que nous le décidons ou que nous y mettons de notre puissance.
Nous devons donc admettre les paroles du Christ : « car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 :5) et reconnaître que c’est lui qui « soutient toutes choses par sa parole puissante » (Héb. 1 :3). Ceci nous place au cœur même de la signification des actions de grâces.
Qu’est-ce que l’Action de grâces[1] ?
La notion d’action de grâces est une réalité bien vaste dans la Bible. Dans l’ancien testament (AT) on la retrouve dans divers contextes. elle est habituellement traduite par « reconnaissance,» «gratitude,» « actions de grâces,» « confession» ou « louange.»[2] L’expression « actions de grâces » en elle-même doit être bien comprise. Elle comporte deux réalités : Dieu pose des actes de actes de faveur (actions de grâce) et nous y répondons par notre reconnaissance (rendre grâces). L’instant d’action de grâce est le moment de célébration de ces deux événements combinés.
On retrouve significativement l’expression « action de grâces » dans les offrandes sacrificielles (Lév. 7 :12,13, 15 ; 22 : 29 ; 2 Chron. 29:31 ; 33 :16 ; Ps. 50 : 14, 23 ; 116 :17, Jérémie 33:11 ; Amos 4:5 ; Jonas 2:9). Ce qui signifie que la reconnaissance des bienfaits de Dieu pour les hommes d’antan était manifestée par une offrande à Dieu.
Mais l’expression a aussi été appliquée aux hymnes témoignant les remerciements (Joshua 7:19 ; Néhémie 12:27 ; Ps. 42:4 ; 69:30; 95:2; 100:1; 100:4;147:7; 26:7; Esaïe 51:3 ; Jérémie 30:19 ;33:11). Le moins que l’on puisse dire est que la reconnaissance des bienfaits de Dieu dans l’AT était une affaire importante qui donnait lieu à des compositions musicales et des publications et des célébrations parfois grandioses.
Dans le Nouveau Testament (NT), l’expression « action de grâces » signifie de même la gratitude, la reconnaissance[3]. Elle est parfois synonyme de louange (1 co 14 ; peut-être Eph 5 :4 ; Phil 4 :6) et est très souvent associée à la prière (2 Cor 1:11 ; Eph. 1:16; Philippiens 4:6; Col. 4:2; 1 Thess. 1:2; 1 Tim. 2:1; Philémon 1:4).
Il est impressionnant comme le thème de la gratitude et de la reconnaissance est récurrent dans le NT et surtout dans les écrits de Paul. Les actions de grâces se retrouvent dans la plupart des introductions des lettres de Paul. C’est dire que Paul rendait grâces à Dieu en toutes circonstances. Il écrit d’ailleurs : «Rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus –Christ » (Ephésiens 5:20) ; « Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus -Christ. » (1 Thess. 5:18).
C’est bien étrange que l’on doive rendre grâces en toutes choses et pour toutes choses. On ne saurait dire si la notion de totalité paulinienne ici est absolue ! On peut comprendre que l’on rende grâces pour la nourriture (Matthieu 15:36 ; 26:27; Marc 8:6; 14:23; Luc 22:17; 22:19; Jean 6:11; 6:23; Actes 27:35; Romains 14:6; 1 Cor 10:30; 11:24), pour des bienfaits (2 Cor 9:11, 12); pour la présence des frères (Actes 28:15), pour la guérison (Luc 17:16) ou l’exaucement des prières (Luc 17:16), etc. Mais peut-on admettre l’action de grâces pour un mauvais mobile (Luc 18 : 11)? 
La question se pose aussi de savoir s’il faut remercier Dieu quand tout va mal. A celle-ci, on peut répondre affirmativement. Nous ne pouvons pas (et ne devons certainement pas) remercier Dieu pour les malheurs qui nous arrivent mais on peut se réjouir et le remercier de ce que quand tout va véritablement mal pour nous et autour de nous, il nous donne la force de résister ; et même on peut le remercier que les choses ne soient pas pires ! C’est le sens de l’enseignement que l’on tire de l’exemple de Paul qui, du fonds de la prison qui le mène à la mort, a la force de se réjouir et d’écrire sa lettre la plus joyeuse ( Philippiens) devenue le livre le plus joyeux de la Bible.
Dans ce livre il écrit l’encouragement suivant : « Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. » (Philippiens 4:6). Selon ce texte ce type d’actions de grâces, loin de dire à Dieu que nous sommes joyeux et satisfaits de la mauvaise situation en cours, témoigne tout simplement de notre confiance en Dieu. Cela participe de l’idée biblique de toujours se réjouir se réjouir ou se satisfaire dans le Seigneur (Matt 6:34 ; Actes 5:41 ;   2 Cor 6:10 ; 12 :9; 1 Thess 5:16 ; 1 Tim. 6:6 ; Héb 13:5; 1 Pierre 4:13). Se réjouir dans l’Eternel c’est cela : célébrer quand tout va bien et se contenter de la phrase « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse » (2 Cor 12 :9) quand tout va mal.
Focaliser ses actions de grâces
L’esprit humain est parfois curieux ! Lors d’une réunion administrative où les débats n’avançaient pas, le président du conseil ayant compris ce qui créait problème se leva et prit une large feuille de papier vierge. A l’aide d’un crayon il fit un petit point noir au centre du papier, papier qu’il brandit devant tous les membres en leur demandant ce qu’ils voyaient. Ceux qui étaient tout près dirent qu’ils voyaient un petit point. Certains dirent qu’ils avaient vu le président inscrire quelque chose sur le papier mais qu’ils n’arrivaient pas à distinguer ce que c’était ; la majorité dit tout simplement qu’ils ne voyaient rien du tout ! Le président leur fit remarquer que tous avaient manqué d’observer que ce qu’il brandissait devant eux étaient une large feuille blanche ! Ils avaient tous cherché à discerner le petit point mais avaient ignoré le grand papier devant leurs yeux.
Nous avons ici le comportement caractéristique de plusieurs d’entre nous, soucieux que nous sommes de chercher à voir des choses spéciales en oubliant l’image globale. Le problème posé ici est celui du refus de voir ce qui est évident juste parce que cela l’est. L’esprit humain aime aller à la conquête de ce qui n’est pas évident et ignore ce qui est juste devant lui.
Dans le domaine spirituel, la même réalité existe. Nous sommes tellement absorbés par les «grandes choses » que nous oublions parfois les « petites choses » devant nous. Parce que ces « petites choses » pour nous deviennent évidentes et nous n’en faisons plus cas. Ces « petites choses » sont tellement évidentes que nous commençons à croire qu’elles sont innées, parfois même nous pensons qu’elles sont un dû, que nous les méritons. Nous sommes ainsi souvent portés à de « grands » témoignages sur les « grands exploits » que Dieu a accomplis à notre égard que nous oublions de rendre grâce pour les choses simples. Nous disons facilement Alléluia pour les choses extraordinaires et nous oublions le simple merci pour les choses ordinaires. En général, c’est quand les « petites choses » viennent à manquer que nous comprenons à quel point elles sont importantes et à quel point même pour elles nous dépendons de Dieu.
Me fondant sur les propos de Jésus que « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes » (Luc 16 :10) je propose que notre foi apprenne à remercier Dieu pour toutes ces petites choses, ce qui sera notre façon de lui confier la totalité de notre vie. Cela nous évitera le risque très habituel de croire que les choses sont gagnées d’avance et que nous pouvons beaucoup de choses par nous-mêmes.
Avez-vous déjà remercié Dieu pour les allumettes ? Connaissez-vous le coût d’une bûchette d’allumette ? Pour ceux qui utilisent les allumettes pour faire le feu, il est impossible de cuisiner sans avoir des allumettes. J’ai eu à l’expérimenter plusieurs fois, surtout quand il faut cuisiner la nuit et que les boutiques du coin sont fermées, la dernière bûchette devient précieuse. Une fois j’ai dormi sans manger dans l’impossibilité de cuisiner. Ceci est le moindre mal.
Le regretté pasteur Richard Wurmbrand (1909-2001), l’un des évangélistes les plus célèbres du XXème siècle racontait comment les hommes mourraient dans les prisons de Sibérie à cause du manque d’allumettes. Il fut détenu pendant quatorze ans pour sa foi et il rapportait que les geôliers les enfermaient dans des cellules gelées dans lesquelles il fallait avoir les allumettes pour allumer le chauffage. Malheureusement les allumettes n’étaient pas fournies par la prison et il fallait que les prisonniers se débrouillent eux-mêmes pour en avoir. Ceux qui n’en avaient pas étaient condamnés à mourir ! Avez-vous déjà remercié Dieu d’avoir accès aux allumettes pour presque rien ?
Et que dire de l’eau ? Combien de fois dites-vous merci à Dieu pour l’eau ? Dans les mêmes prisons de Sibérie, le pasteur Wurmbrand témoignait que les prisonniers mourraient de faim ! La stratégie des geôliers était simple : donner du poisson séché et fortement salé aux prisonniers. Ceux qui en mangeaient devaient souffrir d’une soif mortelle, l’eau n’étant pas offerte. Alors les prisonniers préféraient ne pas manger du tout au lieu de mourir de soif !
Nous devrions réellement apprendre à remercier Dieu pour ces choses que nous pensons être insignifiantes, elles sont tellement simples que cela devient même difficile de les remarquer. Du coup, nous n’arrivons pas à remercier Dieu pour. C’est seulement quand nous prenons la mesure des choses qui manquent aux autres mais que nous avons plus ou moins facilement que nous comprenons que les avoir est un privilège, une grâce. Apprendre à regarder à tout ce que Dieu fait pour nous peut enrichir notre vie de louange et d’actions de grâces.

[1] L’orthographe de cette expression est variée, on peut écrire avec des singuliers partiels (action de grâces : 1Co 14 :16 ; Apoc 7 : 12 / actions de grâce : Nb 6 : 14) ou totalement au pluriel (actions de grâces). Tout cela renvoie bibliquement à la même notion.
[2] Le mot hébreu fréquent pour « actions de grâces » est « hd'AT »(towdah). Ce mot provient de la racine verbale «hd'y" » (yadah).  yadah signifie primitivement « tendre la main » et par extension révérer ou adorer (avec la main tendue). Il a aussi le sens de confesser, louer, et remercier. towdah véhicule donc l’idée confession, reconnaissance, action de grâces ou remerciement. Voirtowdah," "yadahLaird Harris, Gleason L. Archer Jr. and Bruce K. Waltke, The Theological Wordbook of the Old Testament (Illinois, Chicago: Moody Press, 1980)
[3] Le terme grec traduit est « eucharistia »

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