mardi 29 mars 2011

JÉSUS À L’HEURE DES RÉVOLUTIONS MONDIALES

Dans un monde qui bouillonne et où de nombreuses sociétés sont aux abois, plusieurs sont à la recherche des solutions. Dans cette mouvance nous observons  la montée et le renforcement d'une forme de religion sociale faisant la promotion d’un évangile social et des théologies libérationnistes dans lesquels les croyants n'ont d'intérêt qu'à trouver leur sécurité.  En revisitant le sermon de Jésus sur la montagne, nous nous rendons compte que l’homme a réellement besoin d’une révolution : celle du Christ.
Les principes de la révolution du Christ
Le sermon de Jésus sur la montagne est considéré comme sa déclaration de politique générale. Il dégage celui qui l’écoute de l'emprise matérialiste et bien que régulant les affaires quotidiennes et les sujets matériels, il a une portée plus spirituelle. Il dissone même dans ce domaine spirituel des anciens tons religieux servis par le clergé d’Israël à l’époque.
Le ton de la révolution de Jésus, tel que donné dans les béatitudes, est fort "paradoxal" et "brutal" en ce que non seulement il brave les préjugés et les traditions du temps, mais il vient au moment et par celui qu'on attend le moins. Ce sermon se fait dans une société où il y a bataille des classes, entre représentants du pouvoir romain et dépositaires du pouvoir religieux ; où le simple citoyen est doublement piétiné par les officiers de l'occupation dont les relais sont parfois les natifs du pays et par un clergé qui, par son ensemble de règles rigides ne facilite pas la vie.
Dans cet environnement où le marginal rêve d'une révolution miracle où il pourrait lui aussi détenir un pouvoir quelconque, Jésus fait la promotion de l'humilité. Il place même ses auditeurs, par sa première déclaration, dans la perspective d'un royaume qui n'a rien à voir avec leurs ambitions nationalistes : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume de cieux est à eux ! » (Matthieu 5 : 3)
Le Messie ne demande pas seulement de s'humilier pour remplir la première condition d'entrée dans le royaume de Dieu, il demande aussi d'accepter l'humiliation, il exalte ceux qui pleurent. A une foule qui veut gronder sa colère, il recommande la douceur; à ceux qui veulent, même par des coups-bas, se venger de l'ennemi, il recommande de rechercher la véritable justice, il fait la promotion d'un esprit de pardon, de la pureté du cœur et recommande de promouvoir la paix. A la fin de ses béatitudes, Jésus met un accent sur l'acceptation de l'adversité et déclare bienheureux les persécutés, les méprisés et  insultés qui se seront attachés à lui et à la justice : « Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux! Heureux serez-vous lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on répandra faussement sur vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse… » ( Matthieu 5 : 10-12 )
Le décor était planté ! Ses orientations étaient claires : les valeurs devaient trouver un meilleur sens ! Le Christ promet en premier lieu le royaume des cieux, il promet ensuite la consolation, la réhabilitation sur la terre et la satisfaction dans son royaume. Ceux qui acceptent sa révolution verront Dieu, ils seront fils de Dieu! Ils seront heureux! Le secret du bonheur passe bien par la révolution de Dieu.
Le sermon sur la montagne tranche, non seulement avec le messianisme temporel, mais aussi avec les préjugés religieux. Les disciples de cette nouvelle pensée doivent s'attacher à la loi que le Maître a ratifiée  et dont il a réorienté l'interprétation en lui donnant une étendue plus large et en procédant à certaines rectifications d'interprétation pour lui donner un sens plus pratique, altruiste et spirituel. Le meurtre, par exemple, ne se comprend plus uniquement comme la suppression de la vie, l'adultère prend désormais effet dès le regard convoitant.
A ceux qui aspiraient au nouveau royaume, Jésus prescrivait l'amour des ennemis, l'observation de la règle d'or (Luc 6 : 31), la mise en garde contre les pratiques religieuses déformées et prescrivait la pratique de la parole de Dieu. Au départ, la révolution de Jésus pour le bonheur était individuelle et participative. Celui qui l'acceptait devait s'impliquer pour la promouvoir, il devenait par sa vie le sel de la terre et la lumière du monde, et provoquait par ses œuvres l'adoration de Dieu (Matthieu 5 : 13-16 ).
La révolution spirituelle qui faisait la promotion du royaume de Dieu méritait bien des assurances quant à la vie actuelle. C'est dans ce sens que Jésus a inséré dans sa déclaration de politique générale la question matérielle du vécu quotidien qui aura toujours fait écran, depuis des millénaires, à la compréhension des choses spirituelles. Jésus qui était loin d'être ignorant de cette question importante l'a prise au sérieux et a donné de grandes assurances en la matière. Cette question est profonde et touche à la question existentielle même de l'être humain.
Les conflits individuels - internes et externes – ou collectifs, les batailles des nations, le désir de domination des peuples ont à leur base l'emprise du matériel. Les peuples luttent et ont toujours bataillé à mort pour la maîtrise de la terre, des produits du sol, de la production des biens de consommation, etc. « D'où viennent les luttes », demande Jacques, « D'où viennent les querelles parmi vous sinon de vos passions qui guerroient dans vos membres ? Vous convoitez et vous ne possédez pas; vous êtes meurtriers et envieux, sans rien pouvoir obtenir » (Jacques 4 : 1, 2).

La confiance bien orientée

Globalement, concernant les biens matériels, Jésus-Christ a enseigné qu'il fallait bien définir ses priorités, orienter sa confiance vers de meilleures valeurs. « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre », disait-il, « mais amassez des trésors dans le ciel » (Mt.6 :19-20). L'on ne peut placer sa confiance sur les richesses de la terre ; ceci, aussi bien parce qu’elles sont fragiles que parce que l'homme aussi l'est. Le mariage entre l'homme et la richesse est une union où finalement l'un se sépare toujours de l'autre sans qu'il n'y ait espoir de réconciliation.
Tout le monde est au courant de l'effondrement des grands empires économiques, des aléas et de la nervosité des places boursières où il suffit d'une étincelle pour provoquer un crash boursier. L'on sait que plusieurs grandes places financières ont été menées à la banqueroute et ont laissé plusieurs riches dans le désarroi. Quand ce n'est pas la richesse qui s'effondre, parfois c'est son propriétaire qui s'effondre plus vite. Ainsi en a-t-il été de tous les grands noms et puissants hommes de l'histoire humaine. Ils sont tous morts.
Certains essaient de consoler quelques autres que la vie continue après celle-ci et que l'on peut y vivre aisé… Cela est faux ! « Les morts ne savent rien et pour eux il n'y a plus de salaire (…) il n'y a ni activité, ni raison, ni science ni sagesse dans le séjour des morts où tu vas » (Ecclésiaste 9 : 5,10 ) Seule l'attente de la résurrection autorise une espérance meilleure or celle-ci est attachée à Dieu. Si l'homme dans son choix, oriente sa confiance en Dieu alors, il a fait le choix de la vie.
Jésus va plus loin dans son enseignement et nous fait observer aussi bien l'incapacité de l'homme que la seule source de toute grâce. La nourriture et le vêtement viennent de Dieu par grâce comme cela est donné aux oiseaux et notre inquiétude à propos est incapable de générer ces choses.
« Qui de vous par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie ? » (Matthieu 6 : 27)  La raison même pour laquelle Jésus nous invite à nous méfier de la richesse et de taire les soucis liés au matérialisme, est qu'il sait que notre inquiétude est improductive : elle ne crée pas ! Mieux, il nous invite à centrer et orienter notre confiance en Dieu parce que de lui viennent les grâces. Il est le créateur et aussi bien la richesse que la vie de l'être humain sont suspendues  à ses mains.
Instruisons-nous de l'observation de la croissance des lys. « Ils ne travaillent ni ne filent ; Cependant je vous dis que Salomon même dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux » ( Matthieu 6 : 28, 29 ). Le lys ne se plante par lui-même, il est planté parce que quelqu'un a bien voulu le planter. C'est ici le principe de grâce. Il attend la rosée du ciel, il est nourri par le sol. A bonne température, à la réaction des rayons solaires, le jeune plant sera bientôt une belle fleur. Le lys nous enseigne à attendre aussi bien notre croissance que notre beauté de Dieu.
Le lys nous apprend aussi à comprendre notre état. Le lys est plus beau que Salomon dans sa gloire, mais il ne s'en vante pas. Le lys est silencieux! Il ne s'enfle point d'orgueil. Malgré sa beauté, il reste une « herbe des champs qui existe aujourd'hui et demain sera jetée au four » Le lys est fragile, nous aussi! Il nous enseigne l'humilité.
C'est aussi la fragilité du lys qui nous enseigne notre valeur. L'homme est plus important que le lys. Si Dieu revêt une fleur dont il sait qu'elle va durer le temps de la caresse d'une main qui va devenir son destructeur, combien ne vêtira-t-il l'homme à plus forte raison? Oui à plus forte raison! L’homme est un être spécial qui bénéficie de meilleures attentions que celles des plantes. La vie de l'homme ne dépend pas du hasard, de la nature ou du bon vouloir d'un autre homme comme le serait la vie d'une fleur!
Nous valons de loin plus que les oiseaux que Dieu nourrit sans qu'ils n'aient rien à semer, à moissonner ou à épargner. Nous valons plus que les fleurs des champs qui sont belles sans travailler. Notre souci et nos inquiétudes en ces choses—la nourriture et la beauté--nous ridiculisent et nous avilissent au point de nous rendre inférieurs aux oiseaux et aux fleurs de lys.
Le problème de nos inquiétudes se trouve donc être un pur problème de foi. « Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs qui existe aujourd'hui et demain sera jeté au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi? » (Matthieu 6 : 30).
 On peut comprendre de façon plurielle l'emploi de « gens de peu de foi » par Jésus pour qualifier ses auditeurs inquiets. Nous y discernons d'abord une indignation : comment un homme peut-il  croire que Dieu qui revêt une vile herbe des champs d'une beauté supérieure à celle de Salomon au sommet de sa gloire, n'a plus le même regard favorable, la même grâce, la même puissance et la même volonté quand il s'agit de combler les besoins de l'homme qui est l'ouvrage de ses propres mains? 
Nous y lisons ensuite un blâme : la foi des gens qui cherchent à servir à la fois Dieu et l'argent est une foi faible. Quels sont ces pygmées spirituels qui croient en Dieu mais dont les soucis des choses de la vie obstruent la vision du Dieu d'amour qui est à la fois volontaire et capable de donner le bien-être à ses enfants?
Au somment de l'échelle de lecture, Jésus encourage ses auditeurs. « Votre foi existe », semble-t-il leur dire, « mais elle est encore faible tant elle est attachée aux choses de la terre, ne désespérez pas! » Cette foi doit grandir, elle peut grandir. Le Dieu tout puissant et miséricordieux qui fait grandir les lys possède la puissance nécessaire pour faire grandir cette foi. La foi est la clé qui ouvre ou encore le lien qui nous maintient attaché au Dieu d'amour et désireux de partager ses grâces avec nous. Cette foi doit croître et doit être exercée, elle doit être nourrie.
En parlant de la nourriture et du vêtement, Jésus a résumé tous les besoins de l'homme : aussi bien des besoins physiologiques que des besoins psychologiques. Il peut combler tous ces besoins aussi bien au sens littéral qu'au sens symbolique. En disant que Dieu peut nous vêtir comme le lys,  Jésus déclare que Dieu est celui qui peut nous donner aussi bien l'oxygène, la nourriture, l'eau, le logement, le repos, etc. que la sécurité, l'acceptation par la société, l'estime et le sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur. Il faut tout simplement bien orienter la confiance, ne pas s'inquiéter et rechercher ces choses comme des incroyants car le Père sait de quoi nous avons besoin (Matthieu 6 : 32).
Plusieurs arguments sont cependant en défaveur d'une  religion qui a pour but unique de garantir le bien-être social de ses adeptes. La rencontre entre Dieu et les hommes n’a pas que le but de renforcer les mesures de sécurités liées à l'existence de l'homme. Cette rencontre a aussi d'autres allants spirituels, des communications spirituelles, immatérielles et intérieures qui permettent de trouver le bonheur en Dieu. Trouver le bonheur chez le créateur, c'est trouver la sécurité chez celui qui s'est dépouillé afin que l'homme soit vêtu ;  c'est s'attacher à celui qui propose d'enlever la honte de la nudité ou des vêtements sales et de faire paraître un être digne et confiant.

mercredi 16 mars 2011

L'IMPORTANCE DE LA PRIERE DANS LES TEMPS DE LA FIN

Un jour, en empruntant un sentier qui passait par la forêt, j’observai un phénomène assez peu ordinaire. Un palmier dont il ne restait qu’un tronc géant sans feuille était encerclé par un arbre. Posant la question aux habitants de la place, il me fut expliqué que le palmier était le premier à pousser à cet endroit. L’arbre poussa par la suite et, prenant de l’ampleur commença à étreindre le palmier pour finir par le phagocyter et provoquer son dessèchement.
L’image de ce palmier m’a toujours fait réfléchir et j’ai toujours transposé ce phénomène à la vie spirituelle et m’interroger sur la manière avec laquelle de nombreuses choses peuvent étouffer et tuer la vie de foi.
Le Seigneur Jésus a pratiquement n’a pas manquer d’observer ce phénomène et d’en tirer des enseignements.  Parlant un jour de l’impact de la Parole de Dieu, il fit allusion au type de grain tombé dans les épines et affirma : « Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, s'en vont, et la laissent étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne portent point de fruit qui vienne à maturité »(Luc 8:12).
Dans ce texte le Seigneur montre que les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie sont des facteurs menaçant la vie spirituelle et peuvent la phagocyter. Ceci est une mise en garde que de nombreuses personnes ont souvent négligé et ont vu leur vie de foi en souffrir sérieusement. La Parole de Dieu est assez claire : «la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux » (Gal.5:17). Si on entretient l’illusion que les traditions mondaines, les richesses et la vie selon la chair peuvent sans risque avoir une place dans notre vie l’on se rendra vite à l’évidence que la piété et la foi en Dieu auront été meurtries : « Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption » (Gal.6:7).
La menace de mort de la vie de foi est un risque plus élevé en ces temps de la fin où les propositions licencieuses font assaut de toutes parts et créent d’ailleurs une confusion qui trompe même les chrétiens qui baissent la garde du discernement. C’est alors que la prière prend toute son importance. Elle nous permet de rester en éveil, de maintenir le contact avec l’environnement céleste et de ne pas être désagréablement surpris par le retour du Christ. Jésus a énoncé ce principe dans son sermon sur les temps de la fin et a dit :
Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s'appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l'improviste;  car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la surface de toute la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d'échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l'homme (Luc 21:34-36).
Dans ce texte aussi, Jésus mentionne le risque de voir la vie de foi être phagocytée par les plaisirs de la chair et les soucis de la vie au point de perde le discernement qui permette d’observer les signes de la venue du Christ et de se préparer à le rencontrer. La prière est préconisée, parmi les éléments de la préparation, comme le moyen de rester en éveil et de garder le discernement.
Le chrétien n’est pas en sécurité sans la prière en ces temps de la fin. Les recommandations du Christ devraient donc nous interpeller au plus haut point. « Que rien au monde, pas même ce que vous avez de plus cher, n’absorbe votre attention et vos affections au point de vous détourner de l’étude de la Parole de Dieu et de la prière fervente. Veiller et priez.»[1]



[1] Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol.8, p.53.

L'effacement dans l'intercession

La célébrité est l’une des choses auxquelles de nombreuses personnes aspirent. Les personnes vivant uniquement pour la gloire et la recherche de la notoriété sont bien visibles dans le monde séculaire, notamment à travers de nombreux medias « people. » La chose étrange est que même dans les milieux religieux, l’on retrouve—et ces derniers temps de plus en plus—des personnes qui affichent leurs performances spirituelles ou religieuses comme des trophées. Il n’est plus rare de trouver—à la télévision aussi et de plus en plus—des sortes de gurus spirituels qui de par leur côté célèbre se présentent comme des personnes incontournables. A ce niveau élevé comme à une autre échelle plus basse du simple prieur qui publie ses exploits, l’on doit reconnaître qu’il s’agit d’une violation d’une règle de base dans la vie religieuse : l’effacement.
L’appel à l’effacement dans l’intercession
Jésus a fréquemment censuré les Juifs qui promouvaient un certain nombre d’actions à l’effet de chercher l’honneur des hommes. Nous allons brièvement mettre en lumière certains de ces textes qui en appellent  à l’humilité dans nos actions d’intercession[1].
Matthieu 6:5 : « Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. »
Dans ce texte Jésus censure clairement l’attitude ostentatoire dans les prières aussi bien dans les lieux sacrés que dans la rue. Ces prières sont empreintes d’hypocrisie parce qu’en réalité elles cachent un état hideux du cœur. Et cette hypocrisie est tellement subtile qu’elle est difficilement détectable puisqu’elle repose sur l’action religieuse. A l’opposé, Jésus recommande l’endroit réservé, privé et secret : «Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt.6:6).
Il faut observer les conclusions que Jésus fait des deux démarches : Ceux qui prient publiquement pour être vus ont déjà leur récompense alors que ceux qui prient en secret sont récompensés par Dieu. Le contraste des deux démarches suggère que les prieurs publics auront effectivement le respect des hommes mais ne seront pas honorés par le Père céleste tandis que les prieurs en secret, bien que les hommes ne soient pas informés de leur action, seront honorés par Dieu.
Matthieu 23 :5-10 :
Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements;  ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues;  ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi.  Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères.  Et n'appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ.
Dans cet autre texte, Jésus censure également l’activisme pour être remarqué et la recherche de la gloire et l’honneur humains. Ceci est une interpellation forte pour les personnes qui agitent leurs œuvres comme signe de leur puissance. De même que c’est un rejet de la recherche de la notoriété par des titres honorifiques. Jésus condamne la pratique de nombreuses personnes travaillant dans les domaines de la foi qui aiment à se faire appeler par des titres : « révérend » ; « pasto » ; « apôtre » ; « prophète » ; et autres titres pompeux. En disant « vous êtes tous frères » Jésus rejette clairement tout élitisme spirituel qui consiste à placer les leaders spirituels sur un piédestal et les érigeant en gurus indispensables. Il met également en exergue le fait que de telles attitudes font concurrence à la gloire du Christ qui seul mérite la louange (cf.Phil.2:9-11 ; Apoc.5:9-14). Ainsi les actes d’intercession et les prières peuvent être des actes idolâtriques quand ils n’ont pas le Christ au centre ; idolâtrie d’autant plus grave que l’idole serait l’idolâtre.
Au lieu de la recherche de la gloire Jésus prescrit un leadership serviteur dans lequel l’on s’humilie volontairement dans le service du prochain.
Luc 18:9-14 :
Il dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu'elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres: Deux hommes montèrent au temple pour prier; l'un était pharisien, et l'autre publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain; je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui -ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé.
Dans ce texte où Jésus met en scène un Pharisien et un péager, il dit la parabole pour censurer l’illusion de l’autojustification ; l’orgueil spirituel et l’orgueil tout court ; le mépris et la condamnation des autres personnes.
Quelle est la valeur de la prière et de l’action de grâces d’un orgueilleux ? Le pharisien religieux et ritualiste par excellence est attaché aux pratiques religieuses : il fréquente le temple, prie, donne les aumônes, etc. Mais il est clair que toutes ces choses importantes sont rejetées par Dieu quand elles ne sont pas centrées en Lui et ne s’accompagnent pas de l’obéissance (1Sam 15 :22 ; Prov 28 :9 ; Es.1 :11-20 ; Amos 5 :23-24). Beaucoup d’agitation religieuse ayant l’homme au centre est une caractéristique de l’Eglise que Dieu désavoue à la fin des temps (2Tim.3 :4-5, Apoc.13).
Le chrétien devrait faire attention à ce que nous appelons dans ce texte la « contrintercession. » Le fait de prononcer notre prière au sujet d’autres personnes sans que cela soit pour leur bien ; l’exact contraire de l’intercession qui consiste à formuler une prière de bien pour les autres. Outre le fait que cela est le rôle privilégié de Satan (Zac.3:1-2 ; Apoc 12:10), il faut y reconnaître un mélange d’égoïsme et de méchanceté dans lequel on espère se voir grandi par le simple fait que l’autre personne est amoindrie.
Principes à retenir sur l’humilité dans l’intercession
A l’issue de cette revue de quelques textes appelant à l’humilité en général et à l’effacement dans l’intercession en particulier, nous pouvons relever les principes suivants à l’effet d’y mettre un accent.
-       L’on ne peut impressionner Dieu : «Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. 9 Ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Eph.2:8-9) Dieu n’est nullement impressionné par les performances humaines. Dans la mesure où c’est par la foi que nous sommes sauvés, ce n’est pas en brandissant nos exploits et performances spirituels que nous acquérons ou améliorerons notre salut.
-       Il n’y a pas réellement lieu de se glorifier : Du moment où le bien que Dieu fait aux hommes relève de sa grâce souveraine, nous ne devons nullement en porter la gloire. De plus, dans le domaine de l’intercession, le bien-être que les bénéficiaires reçoivent souvent est le fruit d’une action concertée. Souvent plusieurs personnes, même les plus éloignées et cachées ont travaillé (en prière et en actes) pour qu’un problème soit résolu, la reconnaissance pour ce bienfait ne peut donc revenir à une seule personne. Tout ceci invite le croyant à davantage d’humilité.
-       L’humilité est humble : Une personne réellement humble doit l’être au point de ne même pas se rendre compte de son humilité. Trêve donc d’égotisme quand l’on travaille dans les domaines de la foi. La mention de nos exploits—que l’on a souvent tendance à masquer derrière l’exigence du témoignage—court le risque de briser cette loi de base de la spiritualité.
-       L’orgueil précède la chute : «L'arrogance précède la ruine, et l'orgueil précède la chute » (Prov.16 :18, cf.29:23). Jésus a plusieurs fois amplifié ce principe biblique (Mt 5:5 ; 18:4 ; 23:12; Luc 14:11; 18:14 ; etc.). Celui qui par ses actions se placera sous les projecteurs de la gloire humaine sera tout simplement mis sous l’éteignoir par Dieu. A contrario, celui qui s’abaissera et s’effacera dans son action sera élevé en temps convenable (1Pi.5:6).

Conclusion
L’humilité est la première condition pour l’entrée au royaume de Dieu. Elle n’est pourtant pas exigée seulement au moment de la conversion, elle est requise tout le temps de la vie et dans tous les actes de la vie chrétienne. C’est dans ce sens que nous devons agir comme des intercesseurs actifs mais effacés.


[1] Dans un article antérieur nous avions défini l’intercession active comme englobant aussi bien la prière que les actions ; c’est dans cette logique que les textes que nous allons relever se rapportent aussi bien à la prière qu’aux actions religieuses.