mardi 29 mars 2011

JÉSUS À L’HEURE DES RÉVOLUTIONS MONDIALES

Dans un monde qui bouillonne et où de nombreuses sociétés sont aux abois, plusieurs sont à la recherche des solutions. Dans cette mouvance nous observons  la montée et le renforcement d'une forme de religion sociale faisant la promotion d’un évangile social et des théologies libérationnistes dans lesquels les croyants n'ont d'intérêt qu'à trouver leur sécurité.  En revisitant le sermon de Jésus sur la montagne, nous nous rendons compte que l’homme a réellement besoin d’une révolution : celle du Christ.
Les principes de la révolution du Christ
Le sermon de Jésus sur la montagne est considéré comme sa déclaration de politique générale. Il dégage celui qui l’écoute de l'emprise matérialiste et bien que régulant les affaires quotidiennes et les sujets matériels, il a une portée plus spirituelle. Il dissone même dans ce domaine spirituel des anciens tons religieux servis par le clergé d’Israël à l’époque.
Le ton de la révolution de Jésus, tel que donné dans les béatitudes, est fort "paradoxal" et "brutal" en ce que non seulement il brave les préjugés et les traditions du temps, mais il vient au moment et par celui qu'on attend le moins. Ce sermon se fait dans une société où il y a bataille des classes, entre représentants du pouvoir romain et dépositaires du pouvoir religieux ; où le simple citoyen est doublement piétiné par les officiers de l'occupation dont les relais sont parfois les natifs du pays et par un clergé qui, par son ensemble de règles rigides ne facilite pas la vie.
Dans cet environnement où le marginal rêve d'une révolution miracle où il pourrait lui aussi détenir un pouvoir quelconque, Jésus fait la promotion de l'humilité. Il place même ses auditeurs, par sa première déclaration, dans la perspective d'un royaume qui n'a rien à voir avec leurs ambitions nationalistes : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume de cieux est à eux ! » (Matthieu 5 : 3)
Le Messie ne demande pas seulement de s'humilier pour remplir la première condition d'entrée dans le royaume de Dieu, il demande aussi d'accepter l'humiliation, il exalte ceux qui pleurent. A une foule qui veut gronder sa colère, il recommande la douceur; à ceux qui veulent, même par des coups-bas, se venger de l'ennemi, il recommande de rechercher la véritable justice, il fait la promotion d'un esprit de pardon, de la pureté du cœur et recommande de promouvoir la paix. A la fin de ses béatitudes, Jésus met un accent sur l'acceptation de l'adversité et déclare bienheureux les persécutés, les méprisés et  insultés qui se seront attachés à lui et à la justice : « Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux! Heureux serez-vous lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on répandra faussement sur vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse… » ( Matthieu 5 : 10-12 )
Le décor était planté ! Ses orientations étaient claires : les valeurs devaient trouver un meilleur sens ! Le Christ promet en premier lieu le royaume des cieux, il promet ensuite la consolation, la réhabilitation sur la terre et la satisfaction dans son royaume. Ceux qui acceptent sa révolution verront Dieu, ils seront fils de Dieu! Ils seront heureux! Le secret du bonheur passe bien par la révolution de Dieu.
Le sermon sur la montagne tranche, non seulement avec le messianisme temporel, mais aussi avec les préjugés religieux. Les disciples de cette nouvelle pensée doivent s'attacher à la loi que le Maître a ratifiée  et dont il a réorienté l'interprétation en lui donnant une étendue plus large et en procédant à certaines rectifications d'interprétation pour lui donner un sens plus pratique, altruiste et spirituel. Le meurtre, par exemple, ne se comprend plus uniquement comme la suppression de la vie, l'adultère prend désormais effet dès le regard convoitant.
A ceux qui aspiraient au nouveau royaume, Jésus prescrivait l'amour des ennemis, l'observation de la règle d'or (Luc 6 : 31), la mise en garde contre les pratiques religieuses déformées et prescrivait la pratique de la parole de Dieu. Au départ, la révolution de Jésus pour le bonheur était individuelle et participative. Celui qui l'acceptait devait s'impliquer pour la promouvoir, il devenait par sa vie le sel de la terre et la lumière du monde, et provoquait par ses œuvres l'adoration de Dieu (Matthieu 5 : 13-16 ).
La révolution spirituelle qui faisait la promotion du royaume de Dieu méritait bien des assurances quant à la vie actuelle. C'est dans ce sens que Jésus a inséré dans sa déclaration de politique générale la question matérielle du vécu quotidien qui aura toujours fait écran, depuis des millénaires, à la compréhension des choses spirituelles. Jésus qui était loin d'être ignorant de cette question importante l'a prise au sérieux et a donné de grandes assurances en la matière. Cette question est profonde et touche à la question existentielle même de l'être humain.
Les conflits individuels - internes et externes – ou collectifs, les batailles des nations, le désir de domination des peuples ont à leur base l'emprise du matériel. Les peuples luttent et ont toujours bataillé à mort pour la maîtrise de la terre, des produits du sol, de la production des biens de consommation, etc. « D'où viennent les luttes », demande Jacques, « D'où viennent les querelles parmi vous sinon de vos passions qui guerroient dans vos membres ? Vous convoitez et vous ne possédez pas; vous êtes meurtriers et envieux, sans rien pouvoir obtenir » (Jacques 4 : 1, 2).

La confiance bien orientée

Globalement, concernant les biens matériels, Jésus-Christ a enseigné qu'il fallait bien définir ses priorités, orienter sa confiance vers de meilleures valeurs. « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre », disait-il, « mais amassez des trésors dans le ciel » (Mt.6 :19-20). L'on ne peut placer sa confiance sur les richesses de la terre ; ceci, aussi bien parce qu’elles sont fragiles que parce que l'homme aussi l'est. Le mariage entre l'homme et la richesse est une union où finalement l'un se sépare toujours de l'autre sans qu'il n'y ait espoir de réconciliation.
Tout le monde est au courant de l'effondrement des grands empires économiques, des aléas et de la nervosité des places boursières où il suffit d'une étincelle pour provoquer un crash boursier. L'on sait que plusieurs grandes places financières ont été menées à la banqueroute et ont laissé plusieurs riches dans le désarroi. Quand ce n'est pas la richesse qui s'effondre, parfois c'est son propriétaire qui s'effondre plus vite. Ainsi en a-t-il été de tous les grands noms et puissants hommes de l'histoire humaine. Ils sont tous morts.
Certains essaient de consoler quelques autres que la vie continue après celle-ci et que l'on peut y vivre aisé… Cela est faux ! « Les morts ne savent rien et pour eux il n'y a plus de salaire (…) il n'y a ni activité, ni raison, ni science ni sagesse dans le séjour des morts où tu vas » (Ecclésiaste 9 : 5,10 ) Seule l'attente de la résurrection autorise une espérance meilleure or celle-ci est attachée à Dieu. Si l'homme dans son choix, oriente sa confiance en Dieu alors, il a fait le choix de la vie.
Jésus va plus loin dans son enseignement et nous fait observer aussi bien l'incapacité de l'homme que la seule source de toute grâce. La nourriture et le vêtement viennent de Dieu par grâce comme cela est donné aux oiseaux et notre inquiétude à propos est incapable de générer ces choses.
« Qui de vous par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie ? » (Matthieu 6 : 27)  La raison même pour laquelle Jésus nous invite à nous méfier de la richesse et de taire les soucis liés au matérialisme, est qu'il sait que notre inquiétude est improductive : elle ne crée pas ! Mieux, il nous invite à centrer et orienter notre confiance en Dieu parce que de lui viennent les grâces. Il est le créateur et aussi bien la richesse que la vie de l'être humain sont suspendues  à ses mains.
Instruisons-nous de l'observation de la croissance des lys. « Ils ne travaillent ni ne filent ; Cependant je vous dis que Salomon même dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux » ( Matthieu 6 : 28, 29 ). Le lys ne se plante par lui-même, il est planté parce que quelqu'un a bien voulu le planter. C'est ici le principe de grâce. Il attend la rosée du ciel, il est nourri par le sol. A bonne température, à la réaction des rayons solaires, le jeune plant sera bientôt une belle fleur. Le lys nous enseigne à attendre aussi bien notre croissance que notre beauté de Dieu.
Le lys nous apprend aussi à comprendre notre état. Le lys est plus beau que Salomon dans sa gloire, mais il ne s'en vante pas. Le lys est silencieux! Il ne s'enfle point d'orgueil. Malgré sa beauté, il reste une « herbe des champs qui existe aujourd'hui et demain sera jetée au four » Le lys est fragile, nous aussi! Il nous enseigne l'humilité.
C'est aussi la fragilité du lys qui nous enseigne notre valeur. L'homme est plus important que le lys. Si Dieu revêt une fleur dont il sait qu'elle va durer le temps de la caresse d'une main qui va devenir son destructeur, combien ne vêtira-t-il l'homme à plus forte raison? Oui à plus forte raison! L’homme est un être spécial qui bénéficie de meilleures attentions que celles des plantes. La vie de l'homme ne dépend pas du hasard, de la nature ou du bon vouloir d'un autre homme comme le serait la vie d'une fleur!
Nous valons de loin plus que les oiseaux que Dieu nourrit sans qu'ils n'aient rien à semer, à moissonner ou à épargner. Nous valons plus que les fleurs des champs qui sont belles sans travailler. Notre souci et nos inquiétudes en ces choses—la nourriture et la beauté--nous ridiculisent et nous avilissent au point de nous rendre inférieurs aux oiseaux et aux fleurs de lys.
Le problème de nos inquiétudes se trouve donc être un pur problème de foi. « Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs qui existe aujourd'hui et demain sera jeté au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi? » (Matthieu 6 : 30).
 On peut comprendre de façon plurielle l'emploi de « gens de peu de foi » par Jésus pour qualifier ses auditeurs inquiets. Nous y discernons d'abord une indignation : comment un homme peut-il  croire que Dieu qui revêt une vile herbe des champs d'une beauté supérieure à celle de Salomon au sommet de sa gloire, n'a plus le même regard favorable, la même grâce, la même puissance et la même volonté quand il s'agit de combler les besoins de l'homme qui est l'ouvrage de ses propres mains? 
Nous y lisons ensuite un blâme : la foi des gens qui cherchent à servir à la fois Dieu et l'argent est une foi faible. Quels sont ces pygmées spirituels qui croient en Dieu mais dont les soucis des choses de la vie obstruent la vision du Dieu d'amour qui est à la fois volontaire et capable de donner le bien-être à ses enfants?
Au somment de l'échelle de lecture, Jésus encourage ses auditeurs. « Votre foi existe », semble-t-il leur dire, « mais elle est encore faible tant elle est attachée aux choses de la terre, ne désespérez pas! » Cette foi doit grandir, elle peut grandir. Le Dieu tout puissant et miséricordieux qui fait grandir les lys possède la puissance nécessaire pour faire grandir cette foi. La foi est la clé qui ouvre ou encore le lien qui nous maintient attaché au Dieu d'amour et désireux de partager ses grâces avec nous. Cette foi doit croître et doit être exercée, elle doit être nourrie.
En parlant de la nourriture et du vêtement, Jésus a résumé tous les besoins de l'homme : aussi bien des besoins physiologiques que des besoins psychologiques. Il peut combler tous ces besoins aussi bien au sens littéral qu'au sens symbolique. En disant que Dieu peut nous vêtir comme le lys,  Jésus déclare que Dieu est celui qui peut nous donner aussi bien l'oxygène, la nourriture, l'eau, le logement, le repos, etc. que la sécurité, l'acceptation par la société, l'estime et le sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur. Il faut tout simplement bien orienter la confiance, ne pas s'inquiéter et rechercher ces choses comme des incroyants car le Père sait de quoi nous avons besoin (Matthieu 6 : 32).
Plusieurs arguments sont cependant en défaveur d'une  religion qui a pour but unique de garantir le bien-être social de ses adeptes. La rencontre entre Dieu et les hommes n’a pas que le but de renforcer les mesures de sécurités liées à l'existence de l'homme. Cette rencontre a aussi d'autres allants spirituels, des communications spirituelles, immatérielles et intérieures qui permettent de trouver le bonheur en Dieu. Trouver le bonheur chez le créateur, c'est trouver la sécurité chez celui qui s'est dépouillé afin que l'homme soit vêtu ;  c'est s'attacher à celui qui propose d'enlever la honte de la nudité ou des vêtements sales et de faire paraître un être digne et confiant.

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