dimanche 14 novembre 2010

QUAND LE DESIR DE PRIER S'EN VA


Bien que les chrétiens soient encouragés par Paul à prier sans cesse (Eph. 6:18; 1Thess. 5:17), plusieurs personnes se sont trouvées au moins une fois dans une situation où elles ne ressentent aucune envie de prier. Plusieurs facteurs pourraient être évoqués pour expliquer cet état de choses et nous allons examiner quelques-uns de ces facteurs. Nous allons principalement nous focaliser sur la question des émotions désagréables et celle des actes malveillants qui se tiennent comme des barrières courantes en face de la prière.

Quand nos sentiments ne sont pas au beau fixe
Le désir de prier s’enfuit généralement quand nous avons des troubles émotionnels. Au-delà des troubles émotionnels, parfois c’est l’absence même du désir de prier qui joue les trouble-fêtes de l’activité spirituelle.
Au sujet de l’absence du désir de prier, nous dirons d’emblée que les émotions ne sont pas et ne doivent pas être le critère de la spiritualité. Dans le texte de 1Corinthiens 14:15, Paul énonce le principe de la prière intelligente : « Que faire donc ? Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence. » Bien que le contexte suggère que prier avec l’intelligence ici signifie se faire comprendre, l’emploi du grec « noûs » montre qu’il s’agit de prier en usant des facultés intellectuelles, de la capacité à concevoir et à raisonner. Le terme se réfère en effet à la pensée, la raison, l'intention, la compréhension et le discernement.
Cela dit, le croyant devrait appréhender la prière comme un acte conscient, intentionnel, raisonné et planifié. Les sentiments peuvent se greffer à cette démarche, mais ils ne sont et ne doivent pas devenir le moteur de ladite démarche. En d’autres termes, la prière doit consciemment être pratiquée ; que l’on ressente le fort désir émotionnel qui nous y incite ou que l’on ne ressente rien du tout. Les phrases suivantes devraient être gravées dans l’esprit de tout croyant :
Les sentiments sont trompeurs, les émotions ne sont pas une sûre sauvegarde ; car les deux sont variables et sujets aux circonstances extérieures… L’enfant de Dieu ne devrait  pas attacher trop d’importance à ce qu’il ressent intérieurement, car les sentiments ne sont pas des guides sûrs. La préoccupation de tout chrétien devrait être de servir Dieu par principe et non parce qu’il ressent ceci ou cela[1].

Outre l’absence des sentiments incitant à prier, le problème parfois est celui des chocs émotionnels. Pour certains, les occasions de deuil, de maladie, de souffrance ou toute difficulté conduisant à la tristesse excessive ou à la dépression ont souvent été fatals pour la vie de prière. Plus d’une personne ont vu leur vie de prière tarir après une crise émotionnelle.
Résoudre ce problème est difficile parce qu’il s’agit de traiter deux problèmes : le problème émotionnel (qui relève de l’accompagnement psychologique)  et le problème de la prière qui est spirituel. Le croyant vivant une période émotionnelle difficile aura besoin de soutien psychologique de la part des tiers qui pourront être des frères croyants ou des professionnels.
Pour que la vie spirituelle du croyant ne soit pas dévastée par une crise émotionnelle, c’est avant la crise qu’il faut travailler. Ce sont en général les principes, les présupposés et les espérances que l’on a accumulés en temps de lumière qui permettront de résister dans les moments sombres. Celui qui vit une relation saine et régulière avec Dieu parviendra à maintenir cette relation quand la vie ne sera pas rose.
La Bible en général, et les Psaumes en particulier enseignent à regarder à Dieu au temps de la détresse[2]. Nous avons de nombreux exemples où les enfants de Dieu ont crié à Dieu, même quand leur état émotionnel ne s’y prêtait pas. Dieu lui-même encourage à prier en temps de souffrance : « invoque-moi au jour de la détresse; Je te délivrerai, et tu me glorifieras.» (Ps.50:15). Il faut souligner que les cris et les prières de détresse vers Dieu se retrouvent dans les psaumes de lamentations et les diverses complaintes  de la Bible. Ces plaintes nous enseignent à prier et crier notre souffrance à Dieu. Cela manifeste notre foi et témoigne de ce que notre secours ne viendra que de lui (Ps.121:1-2)[3].


Le péché et la prière
Le péché est très fréquemment la barrière qui se dresse entre nous et la prière. Bien nombreux sont ceux qui, après un acte malveillant, ont décidé de remettre la prière à plus tard—au moment où, pensent-ils, Dieu serait un peu apaisé.
Il faudrait dire que cesser de prier parce que l’on a transgressé la loi et la volonté de Dieu est une incompréhension totale aussi bien de la nature humaine que de la nature de Dieu. Au sujet de la nature humaine c’est une erreur—et même de la présomption—de croire qu’un moment se présentera en cette vie où l’être humain sera irréprochable et sans tache[4] ; et que ce moment sera propice pour parler à Dieu. Le diable trouve ici l’une de ses armes les plus puissantes : mettre l’humain en situation de péché pour que toute communication cesse entre l’homme et Dieu. C’est dans ce sens que l’on a pu comprendre que le péché tue la vie de prière quand ce n’est pas la prière qui tue la vie de péché. L’homme avisé ne devrait pas céder à cette tentation subtile.
Concernant Dieu, c’est une méprise de croire que Dieu fonctionne selon le modèle humain et entre en inimitié avec nous au point de ne plus vouloir nous écouter après notre acte malveillant. Bien que notre péché ne laisse pas Dieu indifférent et ait la capacité de nous séparer de lui (Es.59:2), Dieu est toujours volontaire à faire le premier pas pour communiquer (Gen.3:8-9 ; Rom 5:7-8), à négocier et à nous pardonner (Es.1:18).
Suspendre la prière montre aussi l’incompréhension de l’omniscience de Dieu. Même sans prier Dieu est au courant de notre péché et cela ne sert à rien d’essayer de lui cacher quelque chose en cessant de prier. Suspendre la prière suppose aussi que nous ne sommes pas au courant de la bonté, de la miséricorde et de la compassion de Dieu (Ps.103:8-14).
Nous sommes invités à parler à Dieu même après avoir péché. Dans cette démarche nous devons alors confesser nos péchés (Prov. 28:13) avec l’assurance qu’il nous pardonnera selon sa fidélité (1Jn.1:9; 2:1-2). La prière de confession après une inconduite est la garantie de la survie de la prière et de la vie spirituelle au final. La vie de prière tuera donc à terme la vie de péché.


[1] Enseigne-nous à prier (Dammarie-les-Lys, France : Vie et Santé, 1996), 48-49.
[2] Ps 4:1; 9:9; 10:1; 18:6, 18; 20:1; 22:11; 25:17; 31:9; 32:7; 37:39; 46:1; 50:15; 54:7; 59:16; 60:11; 66:14; 69:17; 77:2; 78:49; 81:7; 86:7; 91:15; 102:2; 106:44; 107:6, 13, 19, 28; 108:12; 116:3; 118:5; 119:143; 120:1; 138:7; 142:2; 143:11
[3] Voir à ce sujet E.A.Patrick, Sept jours avec Dieu : l’ancien testament nous enseigne à prier (Yaoundé, Cam. : Biblical Studies Production, 2009), 34-36.
[4] 1Jean 1:8, 10.

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