lundi 6 décembre 2010

COMMENT PRIER SELON SA VOLONTE?

Par Guy Josia Ndombo
Dans plusieurs textes de la Parole de Dieu, les croyants sont invités non seulement à vivre, mais aussi à prier selon sa volonté. Concernant la prière Jean écrit que « Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute » (1Jn 5:14) ; d’aucuns ont même compris que « Dieu n'exauce point les pécheurs; mais, si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, il l'exauce » (Jn. 9:31).
Le problème courant que nous avons est celui de reconnaître quelle est la volonté de Dieu. Il arrive souvent que l’on soit en face d’une prise de décision où l’on ne sait pas exactement quel choix opérer. On voudrait bien savoir dans ces cas là quelle est la volonté de Dieu mais parfois ce choix n’est pas aussi évident que l’on aurait souhaité. Comment reconnaître la volonté de Dieu pour prier en fonction d’elle ? Nous allons essayer de débroussailler autour de cette question afin de savoir clairement quelle est la conduite à tenir.
Moyens pour connaître sa volonté
La parole d’Elihu nous introduit dans cette réflexion importante sur la volonté de Dieu. Il dit : « Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre » (Job 33:14). Etayant ses propos il affirme que Dieu parle « en songe, en vision, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, quand ils sont endormis sur leurs couches. Alors il fait des révélations aux hommes et met le sceau à leur instruction. … Par la douleur aussi l’homme reçoit un avertissement sur sa couche, quand une lutte continue vient agiter ses os. » (Job 33:15-19). Cet homme énonce donc un certains nombre de moyens par lesquels Dieu parle aux humains et leur fait connaître sa volonté.
Pour résumer cette lecture d’Elihu et l’harmoniser avec l’évidence générale des Ecritures, nous mettrons en exergue trois moyens ordinaires pour connaître la volonté de Dieu : la Parole de Dieu, la providence et les impressions du Saint-Esprit.
La Parole de Dieu réclame le pouvoir de rendre sage (Ps.19:7 ; 2Tim 3:15) et de  donner du « discernement, … de la connaissance et de la réflexion » (Prov. 1:4). Cette capacité de l’Ecriture à assagir est globale en ce qu’elle concerne aussi bien la vie spirituelle que la sagesse nécessaire pour gérer le quotidien. La Parole de Dieu peut « rendre sage à salut » (2Tim.3:15) et donner le discernement nécessaire dans les actions et la prise de décision dans la vie ordinaire. L’auteur du Psaume 119 s’adressant à Dieu dit : « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant selon ta parole » (Ps.119:9).
Celui donc qui voudrait connaître la volonté de Dieu doit nécessairement plonger ses regards dans la Parole de Dieu. La lettre de Jacques énonce clairement que celui « qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n'étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l'œuvre, celui-là sera heureux dans son activité » (Jac.1:25). Paul donne le même sens à la totalité de l’Ecriture : « que l'homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute œuvre bonne » (2Tim.3:17, TOB). En un mot, il est impossible de connaître la volonté en ignorant sa révélation qu’est sa Parole.
Dieu nous parle aussi par la providence.  La providence a été comprise comme l’intervention de Dieu sur le cours général des choses ou sur des événements particuliers. Quand nous lisons dans Job que Dieu avertit l’homme par la douleur, nous en comprenons que Dieu emploie ledit événement pour véhiculer un message. Dieu peut donc employer un événement (soit-il heureux ou malheureux) pour faire connaître sa volonté[1]. Les exemples des plaies en Egypte pour faire entendre raison à Pharaon (Ex.7-12) ou Balaam qui fait face à une opposition de l’ange et de l’ânesse qui lui parle (Nomb 22:15-35) sont quelques évidences bibliques que Dieu fait connaître sa volonté par la providence.
E.G. White résume ces points en écrivant :
Dieu nous révèle sa volonté par sa Parole, les saintes Ecritures. Sa voix se fait aussi entendre par les actes de la Providence : nous saurons la reconnaître si nous restons unis à lui, nous abstenant de suivre nos propres voies, d’agir à notre guise, d’obéir aux suggestions d’un cœur non sanctifié, ce qui aurait pour effet de nous ôter le discernement des choses spirituelles et de nous faire échanger la voix de Satan pour la voix de Dieu[2]
Dieu nous parle aussi par le Saint-Esprit. « Dieu fait aussi entendre sa voix par les appels du Saint-Esprit, produisant sur nos cœurs une impression qui se manifestera dans la formation du caractère.[3] » Le Saint-Esprit a la capacité de parler à l’esprit de chaque humain, pour peu que l’on soit disposé à l’écouter.
De nombreux indices bibliques montrent que le Saint-Esprit a une action directe et personnelle sur les individus. A ses disciples qui devaient se retrouver devant les autorités, Jésus a promis que le Saint-Esprit leur « enseignera à l’heure même ce qu’il faudra dire » (Lc.12:12). Paul déclare avoir été averti de ville en ville par le Saint-Esprit au sujet des tribulations l’attendant (Actes 20:23). Il ne dit pas si cela l’était par des visions comme cela est souvent mentionné (Actes 16:9-10 ; 18:9) ou par un autre moyen ; ce qui laisse une possibilité que le Saint-Esprit lui ait parlé directement. L’on sait de toutes façons que c’est « poussés par l’Esprit » que les disciples ont demandé à Paul d’aller à Jérusalem (Actes 21:4).
La question la plus pratique est de savoir comment est-ce que le Saint-Esprit s’adresse aux humains quand il ne procède pas par des songes et des visions. Le point de contact entre le Saint-Esprit et l’humain semble être l’esprit humain, le siège de l’intelligence ; le Saint-Esprit parle probablement aux hommes en leur envoyant des messages directs dans leur esprit.  Cela est évident du texte de Paul dans 1Corinthiens 2:9-16 :
Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Qui donc, parmi des hommes, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. Et nous en parlons, non avec des discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles. Mais l'homme naturel n'accepte pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n'est lui-même jugé par personne. Car Qui a connu la pensée du Seigneur, pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ.

Ce que l’on retire de ce texte est qu’avec la réception du Saint-Esprit, nous recevons la pensée du Christ, sagesse de Dieu par laquelle on connaît les choses de Dieu et que l’on juge les choses spirituellement. En d’autres termes, la volonté de Dieu est connue par l’homme de Dieu quand il est en contact avec l’Esprit de Dieu. Il faut pourtant signaler la forte redondance du langage de l’activité intellectuelle dans ce texte[4] pour comprendre que le lien entre l’Esprit de Dieu et l’humain se crée dans l’esprit humain. En parlant à notre esprit par le Saint-Esprit, Dieu peut nous faire connaître sa volonté.
« Dieu parle …, tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, et l'on n'y prend point garde » : ce texte nous apprend que cela va de la responsabilité humaine de savoir prendre garde et écouter la Parole de Dieu. Il faut être disposé à l’écouter, ce qui signifie qu’il faut prier, scruter les Ecritures pour agir en harmonie avec elles et être prêt à se soumettre à la volonté de Dieu quand elle sera connue.
Autres méthodes ?
Certaines personnes emploient d’autres méthodes comme moyens pour connaître la volonté de Dieu tandis que d’autres s’interrogent sur la validité de certaines d’entre elles. Nous allons brièvement examiner la méthode des signes et le tirage au sort.
Les signes :
De nombreuses personnes en face d’un choix difficile s’en remettent aux signes pour savoir quelle serait la volonté de Dieu. Elles sont souvent encouragées dans ce sens par le fait qu’elles trouvent de telles attitudes dans la Bible. On arbitrairement pourrait citer les cas de Moïse (Ex.4:1-9) et de Gédéon (Jg.6:17) qui demandent des signes pour authentifier la présence de Dieu et accepter sa mission.
Le moins que l’on puisse dire après l’examen de la question des signes dans la Bible est qu’ils sont la marque de l’indécision et de l’incrédulité (cf.Mt.13:58 ; Jn.4:48). Le refus de Jésus à donner des signes aux juifs qui refusent de croire en lui alors que l’évidence leur a été donnée par la prédication du Christ (Mt 12:38-39, cf. Marc 8:11) montre que l’on ne devrait pas chercher de signes quand la volonté de Dieu est expressément claire dans sa Parole. L’homme de Dieu gagnerait à marcher par la foi et non par la vue (2Cor 5:7).
Une des plus grandes réserves en matière de signes tient du fait que les signes sont une marque décisive de la séduction de Satan (Mt. 24:24 ; 2Thess 2:9 ; Apoc.13:13-14 ; 16:13). Avec sa puissance de séduction (2Cor.11:14), Satan a la capacité de contrefaire les événements et les choses au point de pouvoir donner un signe qui induira en erreur ceux qui rejettent la vérité énoncée dans la Parole de Dieu (2Thess.2 :9-12 ; Apoc.19:20). Cette activité de tromperie par les signes est particulièrement prononcée dans les temps de la fin (Mt. 24:24 ; 2Thess 2:8-9 ; Apoc.13:13-14 ; 16:13) ; ce qui appelle à une très grande prudence et à prendre les Ecritures comme notre sauvegarde.
Le tirage au sort :
Tirer au sort est une autre méthode très répandue. Elle consiste à énoncer un certain nombre de solutions, les tirer au sort et accepter l’issue finale comme la volonté de Dieu. Ici aussi, on retrouve la pratique dans la Bible comme enracinée chez plusieurs peuples[5]. Pour simplifier[6], nous dirons que l’on ne doit pas tirer au sort pour discriminer entre deux erreurs ou entre l’erreur et la vérité. La parole de Dieu doit d’abord être respectée, ensuite les principes les meilleurs de justice, de droiture et d’efficacité doivent être recherchés. C’est quand on se retrouve avec les solutions d’égale valeur dans le bien, dans la justice et en efficacité que l’on peut procéder au tirage au sort ; action sans laquelle on ne saurait départager. C’est ce que l’on entrevoit dans le choix de l’individu devant remplacer Judas en tant qu’apôtre (Actes 1:21-26).
Ils ont d’abord basé leur action dans la volonté révélée de Dieu (Actes 1:20) ; ils ont ensuite énoncé les conditions pour être nominé (vv.21-22). C’est remplissant ces conditions que deux individus se démarquèrent de la masse (v.23) ; ils prièrent (vv.24-25) signifiant qu’ils intégraient pleinement Dieu dans le processus et que lui seul pouvait déterminer—puisqu’il est seul à lire les cœurs—ce qu’ils ne pouvaient faire ; ils ont alors tiré au sort.
Conclusion
L’obscurité en face de la volonté de Dieu est très embarrassante pour plus d’une personne. Nous avons voulu introduire chacun aux moyens adéquats pour comprendre cette volonté quand cela est possible. Adhérer à la Parole de Dieu, savoir décoder les messages véhiculés derrière les événements, savoir écouter le Saint-Esprit sont autant de moyens par lesquels nous pouvons connaître la volonté de Dieu. Quand le flou persistera, nous devons toujours garder confiance en Dieu et prier que sa volonté soit faite même si nous ne la comprenons pas.


[1] Nous sommes conscients de ce que cette assertion soulève le problème de l’usage de la souffrance par Dieu pour véhiculer un message. Ceci n’est pas notre objet d’investigation mais suffit-il de dire que la souffrance peut être une alternative pour celui qui a refusé d’écouter Dieu en temps normal. Bien des personnes sont passées par ce processus : Pharaon, Jonas, etc.
[2] E.G.White,  Message à la Jeunesse, p.150.
[3] Ibid.
[4] Cette activité intellectuelle est démontrée par l’usage de nombreux termes intellectuels grecs tels que « ereunaô »(v.10) traduit par « sonder » et signifiant « chercher, » « examiner,» «investiguer » ;  « oida »(v.11, 12) et ginoskô »(v.11, 14, 16) traduits par « connaître » ; « didaktos » (ce qui est enseigné, v.13) ; « sophia » (sagesse, v.13) ; « moria » (folie, v.14) ; « anakrinô » (juger, vv.14,15); « nous » (pensée, v.16) et « sumbibazô » (instruire, v.16).

[5] Nb.26:55 ; 33:54 ; 34:13 ; 36:2 ; Jos.13:6 ; 18:6 ; 21:4; Jg. 20:8-10 ; 1Sam 14:42 ; 1Chr 24:6, 31; 25:8; 26:13-14; Néh. 10:34; 11:1; Ps. 22:18; Prov. 16:33 ; Eze 24:6; Joël 3:3; Jonas 1:7; Mat. 27:35; Marc 15:24; Luc 23:34; Jean 19:24; Actes 1:26.
[6] Un traitement complémentaire se trouve dans E.A. Patrick, Sept jours avec Dieu : l’ancien testament nous enseigne à prier (Yaoundé, Cam. : Biblical Studies Production, 2009), 57-59.

lundi 29 novembre 2010

POURQUOI EST-IL SI DIFFICILE DE PRIER ?



Aujourd'hui, comme hier, l’exercice assidu de la prière est difficile. Bien des croyants sachant qu’il faut prier sans cesse veulent bien le faire mais n’y arrivent pas. De nombreux autres commencent l’exercice mais s’arrêtent en chemin. Il y a aussi une foultitude d’autres personnes qui n’attachent aucun intérêt à la prière. La question de l’asthénie spirituelle en général et de la faiblesse dans la prière en particulier est une préoccupation très commune parmi les croyants.
Malgré de nombreux encouragements et d’invitations à prier, l’exercice de la prière reste une activité très faible. Nous avons traité certains aspects de la problématique de la difficulté à prier il y a quelques temps[1]en examinant la question du désir de prier ; sujet dans lequel nous avons essentiellement relevé les facteurs réduisant ou détruisant l’envie de prier.
Dans le présent sujet, il s’agit considérer plus largement les facteurs défavorisant l’exercice de la prière ; facteurs aussi bien, spirituels, psychologiques que physiques. En un mot il s’agit d’examiner pourquoi la pratique de la prière n’est ni constante pour tous ni facile à exécuter par tous. Pour simplifier notre sujet[2], nous allons brièvement analyser le texte de Matthieu 26:36-46, dans lequel nous trouvons des personnes peinant à prier longtemps. Cette analyse nous permettra d’intégrer le diagnostic que Jésus fait sur la question ; ce qui permettra de déboucher sur des pistes de solution.

Le contexte
Dans la soirée où il fut livré, Jésus alla à Gethsémané pour prier (Mt 26:36). Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, Jean et Jacques qu’il invita à veiller et prier avec lui. Nous lisons malheureusement que trois fois de suite (Mt. 26 :40, 43, 45)[3], Jésus les trouva endormis parce qu’ils n’arrivaient pas à prier longtemps. Jésus constatant la lassitude de ses disciples dit : « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible. » (Mt. 26:41, NEG).
Une lecture approfondie de cette déclaration de Jésus nous permet de dire que la difficulté de prier repose sur deux principaux facteurs : la disposition de l’esprit et la vitalité de la chair.
La disposition de l’esprit
Au constat de ses disciples somnolant et incapables de prier longtemps, Jésus leur recommande de veiller et de prier ;  il affirme alors que l’esprit est bien disposé, en contraste avec la chair faible.
«L’esprit est bien disposé, mais la chair est faible» : Dans cette phrase Jésus contraste l’esprit (pneuma) à la chair (sarx).  Jésus n’essaye pas de démontrer ici que l’esprit peut vivre indépendamment de la chair et vice-versa ; mais il se réfère à aux deux composantes de la nature humaine : l’esprit et la chair.
Dans ce cas la chair signifie l’aspect physique tandis que l’esprit se réfère à l’aspect conscient, mental et volitif de l’individu. Ceci est confirmé par le qualificatif que Jésus applique à l’esprit ; il est « bien disposé, » qualificatif décrivant un état d’esprit.
La question à se poser ici est ce que signifie la bonne disposition de l’esprit. L’adjectif utilisé ici est «prothumos.» Il signifie «désireux », « volontaire »,  « prêt », « enthousiaste » ou « zélé.» Un individu ayant un esprit bien disposé est donc une personne ayant envie de faire une chose. Cette envie peut signifier une volonté consciente ou un désir passionné.
Dans ce texte Jésus prépare ses disciples à affronter l’épreuve imminente allant de son arrestation à sa mort; son propre engagement à la prière démontre une telle préparation (Mt 26:36-39, 42, 44). Mais l’on ne peut occulter le fait que la prière est au cœur d’une telle préparation. La recommandation de veiller et prier arrive après le constat que Pierre, Jean et Jacques n’ont pas pu veiller une heure (v.40). Elle est immédiatement suivie par la déclaration : «L’esprit est bien disposé, mais la chair est faible.»
L’on peut comprendre de cette affirmation que la faiblesse de la chair risque être un handicap à l’heure de l’épreuve de l’arrestation du Maître ; d’où la nécessité de veiller et prier. Mais le contexte suggère que prier en cette soirée pour les disciples est déjà difficile, étant donné qu’ils s’assoupissent à chaque fois que Jésus s’éloigne. Cela est déjà une certaine faiblesse. En d’autres termes, malgré leur bonne volonté à prier, ils éprouvent quelques autres difficultés. La question de la prière en rapport avec la disposition de l’esprit est donc pertinente.
On comprend donc qu’il existe une catégorie de personnes, à l’exemple des disciples, qui ont le désir, la volonté de prier mais se trouvent confrontées à une faiblesse d’une autre nature. Cela permet de dire qu’il y a aussi une catégorie de personnes qui n’ont pas ce désir et cette volonté. Elles ne sont pas prêtes à prier et n’en éprouvent aucune envie. Ceux-là n’ont aucune confiance en Dieu et ce dernier n’est pas impliqué dans le processus de leurs actions. C’est donc un problème d’incrédulité, une crise de la foi.
Un diagnostic similaire est d’ailleurs plus évident dans la question rhétorique de Jésus : « quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc.18:8). Dans ce cas aussi, Jésus enseigne « qu'il faut toujours prier, et ne point se relâcher» (Lc.18:1) et met le manque de foi en cause.
Manifester la foi en Dieu et prier signifie que l’on recentre les préoccupations et priorise Dieu comme personnage central de la vie. Quand cela est fait, la communication avec lui devient naturelle, aussi bien en temps de paix qu’en temps de crise. Une telle inclination spirituelle ne naît pas de façon spontanée ; elle se cultive, elle s’entretient.
La chair est faible
Le Christ a clairement dit que la chair est faible faisant d’elle le maillon le plus vulnérable de la vie de prière. De nombreuses personnes ont interprété la « chair » (sarx) dans ce texte comme se référant aux tendances naturelles et aux désirs stimulés par les sens. Ce sens est bien évidemment récurrent dans les Ecritures et surtout dans le NT (cf. Rom 8:3-13 ; Gal. 5:13, 16, 17, 19, 24).
Le contexte montre cependant que c’est la faiblesse physique qui est incriminée ici. La scène se passe dans la nuit, après une longue journée ; le sommeil répété des disciples démontre la fatigue physique. Le texte donne la raison pour laquelle ils se sont endormis une deuxième fois : « leurs yeux étaient appesantis » (Mt. 26:43). C’est ce sommeil des disciples qui provoque la déclaration du verset 41. L’autre évidence est l’usage de l’adjectif « asthenès» (faible, malade). Dans les évangiles et dans Matthieu en l’occurrence il est toujours en rapport avec la fatigue physique et la maladie. Les exemples d’associations d’«asthénès» avec la faiblesse spirituelle sont une exclusivité de Paul qui énonce les actes immoraux comme étant la vie selon la chair[4]. Il est difficile de voir cette association dans le contexte de Matthieu 26:36-46.
Cela veut dire que la vitalité physique est nécessaire pour une activité normale de prière. Il arrive fréquemment que, malgré la volonté de prier, la lassitude physique prenne le dessus et rende la prière impossible. Plusieurs personnes se sont d’ailleurs surprises plus d’une fois en train de somnoler alors qu’elles avaient commencé à prier. Plus drôle, d’autres se sont réveillées seulement le lendemain pour se souvenir avoir commencé une prière et ne l’avoir jamais achevée. Bien que ce soit un phénomène plus observable le soir, de nombreux cas de lassitude physique expliquent aussi l’absence de prière dans la journée[5].
Il convient de ménager les efforts en journée pour avoir un tonus suffisant pour les activités spirituelles du soir. Une hygiène de vie adéquate est nécessaire. De petites astuces pratiques peuvent être utiles : boire un verre d’eau fraiche avant de prier ; prier à genoux et à haute voix[6] ; ne pas attendre d’être trop fatigué pour faire la prière du soir ; etc.

Conclusion
Une brève analyse du récit des trois disciples qui ont eu de la peine à veiller et prier dans la nuit où leur Maître fut livré montre qu’il faut avoir aussi bien la bonne volonté que la vitalité physique pour prier. Certaines personnes ont déjà ce désir ; il leur faut alors prendre d’autres dispositions nécessaires à la pratique d’une bonne vie de prière. D’autres n’ont ni le désir, ni la foi nécessaire pour prier, il leur faut le déclic qui les engagera sur le sentier de la vie spirituelle.
Pour tous, autant il importera de veiller à avoir un esprit bien disposé, autant il faudra prendre des mesures adéquates pour surmonter la lassitude. Engager ce chantier est le prix à payer pour vaincre la difficulté de prier.


[1] cf. http://pasteurguyjosia.blogspot.com/2010/11/quand-le-desir-de-prier-sen-va.html
[2] Examiner les raisons rendant difficile l’exercice de la prière est plus vaste que l’espace d’un article. Le présent examen n’a pas la prétention d’être exhaustif sur la question. L’ignorance et la méconnaissance de la prière sont des explications possibles. Plusieurs personnes ne prient pas parce qu’elles ne savent tout simplement comment prier. La requête des disciples de Jésus : « enseigne-nous à prier » (Lc.11:1) démontre ce fait que de l’ignorance peut freiner l’exercice ou le meilleur exercice de la prière.
[3] Certains commentateurs estiment que c’est plutôt deux fois que Jésus a trouvé les disciples endormis. Ils basent cette interprétation d’une variante de traduction de la phrase « katheudete to loipon kai anapauesthe » du verset 45. Il est effectivement possible de traduire cette expression de deux façons.  Certaines versions traduisent « Désormais vous pouvez dormir et vous reposer » (Bible de Jérusalem) et font supposer que les disciples ne dormaient pas quand Jésus les trouve et celui-ci leur dit de prendre désormais leur repos. Il est cependant préférable de lire cette expression comme un énième constat de sommeil des disciples comme l’ont lu certains traducteurs : « Vous dormez maintenant, et vous vous reposez !» (NEG). Le contexte soutient cette hypothèse : (1) Le narrateur dans sa progression fait déjà remarquer de façon deux fois que les disciples n’arrivent pas à veiller. Une troisième mention de sommeil serait en harmonie avec la prédilection de Matthieu pour le chiffre trois (1/3 des évangiles) probablement calquée sur la nécessité juive d’étayer un fait par le témoignage de trois témoins (cf. Mt. 18:16, 20 ; 26:34, 75). (2) La plus grande évidence à lire le constat de sommeil est la phrase suivante : « Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s'approche.» (Mt 26:46). Jésus ne peut pas demander à ses disciples de dormir et de se lever en même temps. Cette phrase montre plutôt qu’il les invitait à se réveiller, et se lever pour faire face à de nouveaux événements. Les disciples avaient donc dormi une troisième fois.
[4] Même dans ce cas, le seul cas pertinent chez Paul où l’association de « sarx » et « asthenès » se réfère à l’impureté est Rom 6:19 : « Je parle à la manière des hommes, à cause de la faiblesse de votre chair.-De même donc que vous avez livré vos membres comme esclaves à l'impureté et à l'iniquité, pour arriver à l'iniquité, ainsi maintenant, livrez vos membres comme esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté. »
[5] On pourrait dire que la mauvaise disposition d’esprit et la priorité accordée à d’autres activités que la prière empêchent généralement de prier dans la journée ; tandis que la lassitude physique est davantage un facteur intervenant le soir. On peut bien entendu observer des cas de mauvaise disposition d’esprit le soir et des cas de fatigue le jour.
[6] Je dois ces deux astuces des citations d’Ellen G. White telles qu’apparaissant dans le livre Enseigne-nous à prier (Dammarie-les-Lys, France : Vie et Santé, 1996), 65.

lundi 22 novembre 2010

Dieu prend soin de ses enfants

Mieux que l’amour d’une mère
Je passais par une large avenue de Douala lorsque mon attention fut attirée par une foule autour d’un bac à ordures. Curieux, je m’approchai pour savoir de quoi il était question. La curiosité laissa bientôt place à l’horreur : un bébé à qui on pouvait attribuer deux semaines était enveloppé dans un sac en plastic. Personne n’avait vu celle qui avait jeté ce minuscule corps agonisant mais tout laissait croire qu’il n’était pas là depuis longtemps. Il se disait que c’était les cris du bébé qui avaient attiré les passants. L’enfant, s’étant déshydraté et devenu trop faible, ne résista plus longtemps. Il mourut sous les yeux impuissants d’une foule interloquée.
La frustration du moment était grande mais  elle laissa un peu de place au réalisme pour que nous constations la poussée exponentielle des  actes d’abandon de nouveau-nés dans nos cités. Une question importante se dégage alors de la Bible : « Une femme oublie-t-elle son nourrisson ? N’a-t-elle pas compassion du fils de ses entrailles ? » (Esaïe 49:15)
Pendant que le problème social de ces criminelles qui ne disent pas leur nom subsiste, reconnaissons qu’il existe tout de même des mères qui jouent parfaitement leur rôle. Il existe des femmes qui, pour rien au monde, n’échangeraient le bonheur d’avoir un enfant. La relation mère-enfant est une relation qu’on explique très peu mais dont on constate le lien puissant par l’existence d’un cordon. Ce cordon viscéral est tel que chaque maman considère son enfant comme une partie d’elle-même.
C’est là le principe; la maman est d’abord maternelle, protectrice. Vient alors l’étonnante dérogation de ces femmes sans cœur, qui à cause d’intérêts purement égoïstes sacrifient des vies innocentes ou font souffrir le martyr à leurs enfants quand elles n’ont pas le courage de les tuer. Ces femmes sont étonnantes parce que le principe est qu’une mère n’oublie pas son nourrisson, elle a compassion du fruit de ses entrailles.
La chose la plus intéressante est que Dieu connaissant la faillibilité du genre humain avait prévu qu’il peut exister ce genre de “femme-horreur”. C’est pour cette raison que dans son souci de nous faire comprendre ce qu’il ressent pour nous ; pour véhiculer la tendresse, le soin qu’il prend pour nous, il s’assimile à une maman. Mais pour que l’on ne risque pas de méprendre son imagerie, il nous fait comprendre qu’il est au-dessus des mères : «  Quand elle l’oublierait, moi je ne t’oublierai pas », dit-il
Il peut arriver, comme cela se passe déjà trop ces derniers temps, qu’une maman oublie son enfant. Alors n’allons pas comparer Dieu aux mamans.  Quand a contrario il arrive qu’on admire la douceur, la tendresse, l’amour qu’une mère montre à son enfant, souvenons-nous que Dieu fait mieux. Il dit : « Voici, je t’ai gravé sur mes mains » (Esaïe 49:16).
Savez-vous comment Dieu a gravé l’humanité sur ses mains ? Ces clous transperçant ses paumes et s’enfonçant dans le bois. Le poids de ce corps suspendu et la loi  de la gravité s’imposant à tout cet ensemble. Imaginez sa chair se déchirant par ces clous, le cœur menaçant d’exploser par la douleur qui devenait inhumaine, le sang ruisselant et formant bientôt une source, la source du salut. Oui, c’est de cette manière que nous avons été gravés sur les mains de Dieu, et regardant ses paumes tous les jours, pour l’éternité, il ne peut  nous oublier. Mieux que les mamans ordinaires, Dieu s’est livré pour sauver ses enfants, il s’est livré jusqu’à la mort.
Meilleur que les meilleurs pères
Bien que Dieu ait suffisamment révélé son amour dans l’Ancien Testament, beaucoup de personnes se sont méprises et n’ont pas compris l’amour et la tendresse que Dieu a pour ses enfants. Jésus est venu pour faire tomber certaines écailles qui ternissaient la vue au sujet de Dieu. Les gens avaient une perception d’un Dieu exigeant, dur, qui ne donnait rien pour rien ; d’autres soutenaient, comme c’est encore le cas, que Dieu avait cessé d’avoir des relations avec les hommes. C’est pour créer une meilleure vision de Dieu et rétablir la relation d’amour que Jésus a enseigné ses contemporains à se référer à Dieu comme « Père»
Un jour qu’il enseignait sur la prière il dit : « Quel père parmi vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? Ou s’il lui demande du poisson lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ? Ou s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? » (Luc 11:11-12)
Reconnaissons qu’il arrive que des parents ne donnent rien à leurs enfants quand ceux-ci leur font une certaine demande. Mais il est difficile de voir un père qui, au lieu de ne rien donner à son enfant, ira jusqu’à lui donner une chose dangereuse. Quand un parent ne veut pas ou ne peut pas donner, il ne donne rien. C’est là la perspective du monde actuel.
Mais Jésus-Christ nous place dans une perspective légèrement différente. Quand un père n’aurait pas envie de donner, il n’irait jamais donner un scorpion, un serpent ou une pierre. Dès qu’il donnerait quelque chose, cette chose serait automatiquement bonne. La leçon était imposante : « Si donc vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est  dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui les lui demandent » (Matthieu 7:11).
L’amour, les capacités et les dispositions de Dieu sont au dessus des possibilités humaines. Si les parents humains, enclins au mal, peuvent manifester de la tendresse et donner de bonnes choses à leurs enfants, Dieu a fortiori donnera de bien meilleures aux siens ! Ce n’est pas Dieu qui créerait la souffrance à ses enfants, lui tout amour, quand les parents terrestres cherchent le bien de leurs enfants. Dieu ne doit pas être regardé comme opposé au bonheur des humains. Sa compassion et ses dispositions nous invitent à aller et lui pour exposer nos soucis.

dimanche 14 novembre 2010

QUAND LE DESIR DE PRIER S'EN VA


Bien que les chrétiens soient encouragés par Paul à prier sans cesse (Eph. 6:18; 1Thess. 5:17), plusieurs personnes se sont trouvées au moins une fois dans une situation où elles ne ressentent aucune envie de prier. Plusieurs facteurs pourraient être évoqués pour expliquer cet état de choses et nous allons examiner quelques-uns de ces facteurs. Nous allons principalement nous focaliser sur la question des émotions désagréables et celle des actes malveillants qui se tiennent comme des barrières courantes en face de la prière.

Quand nos sentiments ne sont pas au beau fixe
Le désir de prier s’enfuit généralement quand nous avons des troubles émotionnels. Au-delà des troubles émotionnels, parfois c’est l’absence même du désir de prier qui joue les trouble-fêtes de l’activité spirituelle.
Au sujet de l’absence du désir de prier, nous dirons d’emblée que les émotions ne sont pas et ne doivent pas être le critère de la spiritualité. Dans le texte de 1Corinthiens 14:15, Paul énonce le principe de la prière intelligente : « Que faire donc ? Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence. » Bien que le contexte suggère que prier avec l’intelligence ici signifie se faire comprendre, l’emploi du grec « noûs » montre qu’il s’agit de prier en usant des facultés intellectuelles, de la capacité à concevoir et à raisonner. Le terme se réfère en effet à la pensée, la raison, l'intention, la compréhension et le discernement.
Cela dit, le croyant devrait appréhender la prière comme un acte conscient, intentionnel, raisonné et planifié. Les sentiments peuvent se greffer à cette démarche, mais ils ne sont et ne doivent pas devenir le moteur de ladite démarche. En d’autres termes, la prière doit consciemment être pratiquée ; que l’on ressente le fort désir émotionnel qui nous y incite ou que l’on ne ressente rien du tout. Les phrases suivantes devraient être gravées dans l’esprit de tout croyant :
Les sentiments sont trompeurs, les émotions ne sont pas une sûre sauvegarde ; car les deux sont variables et sujets aux circonstances extérieures… L’enfant de Dieu ne devrait  pas attacher trop d’importance à ce qu’il ressent intérieurement, car les sentiments ne sont pas des guides sûrs. La préoccupation de tout chrétien devrait être de servir Dieu par principe et non parce qu’il ressent ceci ou cela[1].

Outre l’absence des sentiments incitant à prier, le problème parfois est celui des chocs émotionnels. Pour certains, les occasions de deuil, de maladie, de souffrance ou toute difficulté conduisant à la tristesse excessive ou à la dépression ont souvent été fatals pour la vie de prière. Plus d’une personne ont vu leur vie de prière tarir après une crise émotionnelle.
Résoudre ce problème est difficile parce qu’il s’agit de traiter deux problèmes : le problème émotionnel (qui relève de l’accompagnement psychologique)  et le problème de la prière qui est spirituel. Le croyant vivant une période émotionnelle difficile aura besoin de soutien psychologique de la part des tiers qui pourront être des frères croyants ou des professionnels.
Pour que la vie spirituelle du croyant ne soit pas dévastée par une crise émotionnelle, c’est avant la crise qu’il faut travailler. Ce sont en général les principes, les présupposés et les espérances que l’on a accumulés en temps de lumière qui permettront de résister dans les moments sombres. Celui qui vit une relation saine et régulière avec Dieu parviendra à maintenir cette relation quand la vie ne sera pas rose.
La Bible en général, et les Psaumes en particulier enseignent à regarder à Dieu au temps de la détresse[2]. Nous avons de nombreux exemples où les enfants de Dieu ont crié à Dieu, même quand leur état émotionnel ne s’y prêtait pas. Dieu lui-même encourage à prier en temps de souffrance : « invoque-moi au jour de la détresse; Je te délivrerai, et tu me glorifieras.» (Ps.50:15). Il faut souligner que les cris et les prières de détresse vers Dieu se retrouvent dans les psaumes de lamentations et les diverses complaintes  de la Bible. Ces plaintes nous enseignent à prier et crier notre souffrance à Dieu. Cela manifeste notre foi et témoigne de ce que notre secours ne viendra que de lui (Ps.121:1-2)[3].


Le péché et la prière
Le péché est très fréquemment la barrière qui se dresse entre nous et la prière. Bien nombreux sont ceux qui, après un acte malveillant, ont décidé de remettre la prière à plus tard—au moment où, pensent-ils, Dieu serait un peu apaisé.
Il faudrait dire que cesser de prier parce que l’on a transgressé la loi et la volonté de Dieu est une incompréhension totale aussi bien de la nature humaine que de la nature de Dieu. Au sujet de la nature humaine c’est une erreur—et même de la présomption—de croire qu’un moment se présentera en cette vie où l’être humain sera irréprochable et sans tache[4] ; et que ce moment sera propice pour parler à Dieu. Le diable trouve ici l’une de ses armes les plus puissantes : mettre l’humain en situation de péché pour que toute communication cesse entre l’homme et Dieu. C’est dans ce sens que l’on a pu comprendre que le péché tue la vie de prière quand ce n’est pas la prière qui tue la vie de péché. L’homme avisé ne devrait pas céder à cette tentation subtile.
Concernant Dieu, c’est une méprise de croire que Dieu fonctionne selon le modèle humain et entre en inimitié avec nous au point de ne plus vouloir nous écouter après notre acte malveillant. Bien que notre péché ne laisse pas Dieu indifférent et ait la capacité de nous séparer de lui (Es.59:2), Dieu est toujours volontaire à faire le premier pas pour communiquer (Gen.3:8-9 ; Rom 5:7-8), à négocier et à nous pardonner (Es.1:18).
Suspendre la prière montre aussi l’incompréhension de l’omniscience de Dieu. Même sans prier Dieu est au courant de notre péché et cela ne sert à rien d’essayer de lui cacher quelque chose en cessant de prier. Suspendre la prière suppose aussi que nous ne sommes pas au courant de la bonté, de la miséricorde et de la compassion de Dieu (Ps.103:8-14).
Nous sommes invités à parler à Dieu même après avoir péché. Dans cette démarche nous devons alors confesser nos péchés (Prov. 28:13) avec l’assurance qu’il nous pardonnera selon sa fidélité (1Jn.1:9; 2:1-2). La prière de confession après une inconduite est la garantie de la survie de la prière et de la vie spirituelle au final. La vie de prière tuera donc à terme la vie de péché.


[1] Enseigne-nous à prier (Dammarie-les-Lys, France : Vie et Santé, 1996), 48-49.
[2] Ps 4:1; 9:9; 10:1; 18:6, 18; 20:1; 22:11; 25:17; 31:9; 32:7; 37:39; 46:1; 50:15; 54:7; 59:16; 60:11; 66:14; 69:17; 77:2; 78:49; 81:7; 86:7; 91:15; 102:2; 106:44; 107:6, 13, 19, 28; 108:12; 116:3; 118:5; 119:143; 120:1; 138:7; 142:2; 143:11
[3] Voir à ce sujet E.A.Patrick, Sept jours avec Dieu : l’ancien testament nous enseigne à prier (Yaoundé, Cam. : Biblical Studies Production, 2009), 34-36.
[4] 1Jean 1:8, 10.

mardi 19 octobre 2010

LA PRIERE ET L’OBEISSANCE

Dans une société où les individus clament plus haut et plus fort les droits et libertés individuelles, l’on observe parallèlement que l’obéissance devient le mot le plus tabou. Il n’y a qu’à mesurer le nombre de soulèvements populaires, à évaluer le nombre d’opposants et de dissidents aux dirigeants (politiques, sociaux et même religieux), à prendre la mesure de la désobéissance aux lois (aussi bien religieuses que civiles) pour comprendre que nous vivons dans une ère ou pas grand monde n’accepte se soumettre à la volonté de l’autre.
La grande question que nous nous posons dans cet exposé est de savoir quelle doit être l’attitude du chrétien dans un tel environnement ; et plus singulièrement, quel lien existe entre une attitude d’obéissance (ou de désobéissance d’ailleurs) et celui qui prie.

L’humilité : principe fondateur
Le lien immédiat entre la prière et l’obéissance est l’humilité. L’esprit d’humilité qui caractérise celui qui prie est le même que possède celui qui obéit. C’est à ce titre que Dieu élève—donc répond à la prière et bénit—celui qui s’humilie (Prov 15:33; 18:12 ; cf. Prov.16:18). A contrario, celui qui manque d’humilité se trouvera difficilement à prier Dieu et à obéir. Le leurre le plus fréquent dans ce sujet se trouve chez ces personnes qui croient qu’elles peuvent obéir uniquement à Dieu sans se soucier d’obéir aux hommes. Il est tout simplement impossible de se soumettre à Dieu que l’on ne voit pas si l’on n’a pas appris à obéir aux hommes. L’obéissance et la soumission aux humains est la meilleure façon d’apprendre et de démontrer sa soumission à Dieu.
On connaît bien le texte de Paul qui stipule « Rendez à tous ce qui leur est dû: l'impôt à qui vous devez l'impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l'honneur à qui vous devez l'honneur » (Romains 13:7, NEG). Les lignes précédentes précisent :
Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures; car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C'est pourquoi celui qui s'oppose à l'autorité résiste à l'ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. (Romains 13 :1-2)

L’obéissance ou la soumission à l’autorité supérieure est un principe chrétien de bonne place. Elle implique entre autres la soumission aux parents (Ex. 20:12 ; Eph 6:1; Col 3:20; 1 Tim 5:4; 2 Tim 3:2), aux autorités civiles ou politiques (1Pi.2:13 ; Tite 3:1) et aux autorités religieuses (1Thess 5:12-13 ; Héb. 13:17 ; 1Pi 5:5). La seule restriction à la soumission et l’obéissance aux humains est quand la désobéissance à Dieu est exigée (Actes 4:19; 5:29).
L’éthique d’obéissance aussi bien à Dieu qu’aux hommes est calquée sur le modèle de Jésus. Il a obéi et nous propose son modèle comme l’exemple à suivre (Phil 2.5-9; Héb 5:8, cf. Mt 26:39,42 ; Mt 14:36 ; Luc 22:42). Tout chrétien soucieux d’obéir à Dieu doit marcher sur les pas de son Maître et apprendre l’obéissance. Celle-ci passe par l’humilité et la compréhension que nous ne sommes pas les souverains régents du monde et que ce n’est pas toujours notre volonté qui doit être faite.
L’obéissance et la prière
La prière a-t-elle à voir avec l’obéissance ? La réponse biblique à cette question est positive. Dans sa prière modèle, Jésus a dit « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt. 6:10), montrant que l’attente de celui qui prie passe par la soumission à la volonté de Dieu. C’est ici le prolongement de la question de l’humilité ; celle-ci doit être intégrée dans la vie de prière.
La soumission dans le domaine de la prière implique aussi l’obéissance aux directives de Dieu par celui qui prie : « Si quelqu'un détourne l'oreille pour ne pas écouter la loi, Sa prière même est une abomination » (Proverbes 28:9).
Jacques met très bien en relation la question de l’obéissance (ou de la désobéissance qu’il décrit comme l’amitié du monde), de l’humilité et de la prière. Il démontre que celui s’humilie et se soumet à Dieu en rejetant les passions du monde sera élevé par Dieu ; ce qui en parallèle veut dire qu’il sera exaucé dans sa prière :
Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions. Adultères que vous êtes! Ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu.  Croyez-vous que l'Écriture parle en vain ? C'est avec jalousie que Dieu chérit l'Esprit qu'il a fait habiter en nous.  Il accorde, au contraire, une grâce plus excellente, c'est pourquoi l'Écriture dit: Dieu résiste aux orgueilleux, Mais il fait grâce aux humbles. Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos cœurs, hommes irrésolus.  Sentez votre misère; soyez dans le deuil et dans les larmes; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse.  Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. (Jac. 4:3-10)
On trouve le même écho de ce rapport entre la prière, l’humilité et l’obéissance chez Pierre qui dit : « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au temps convenable; et déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous » (1Pi.5 :6-7) ; texte qui précède l’invitation aux jeunes à être soumis aux anciens (v.5).
Après ce bref survol, l’on peut très bien conclure que l’obéissance doit être intégrée dans le comportement chrétien en général, et dans l’attitude de celui qui prie en particulier. Cette obéissance signifie se soumettre à Dieu, obéir à sa loi et ses directives, et obéir aux autorités qu’il a instituées. C’est alors que lui-même honorera celui qui agit de la sorte. 

LA MIXITE QUI FAIT PROBLEME: UNE REFLEXION SUR LES MARIAGES INTERRELIGIEUX

En exclusivité je vous fais découvrir l'introduction de mon livre à paraître dans les semaines à venir sous le titre "La Mixité qui fait problème: une réflexion sur les mariages interreligieux"


INTRODUCTION
Un regard sur les sociétés modernes et postmodernes montre qu'une grande menace pèse sur le mariage. D'abord on constate une baisse de couples qui contractent mariage dans la société. Cette baisse en elle-même est plus ou moins favorisée par de nombreuses déviations  sexuelles qui se dressent comme de grandes barrières face à cette institution divine. Aussi peut-on citer l'adultère[1], le concubinage, l'homosexualité, la polygamie, etc. comme des menaces à l'institution du mariage.
L'église subit aussi de plein fouet ces vagues sociales[2] qui menacent la stabilité du mariage. Le mariage dans l'église est tout aussi en crise comme dans la société autour d'elle et les pratiques qui étaient longtemps considérées comme déviantes s'affirment de plus en plus dans l'église. Ainsi trouve-t-on de plus en plus de défenseurs de la polygamie[3] ou de l'homosexualité[4] dans la chrétienté.
Le mariage mixte est souvent omis facilement de la liste des déviations du mariage[5]. Trop souvent les hommes se sont concentrés sur les aspects sociaux, physiques, matériels et parfois psychologiques du mariage et ont oublié l’aspect spirituel. Il est plus aisé de stigmatiser la polygamie, l’inceste, la fornication et l’adultère qui causent des désagréments matériels, sociaux et parfois psychologiques dans la famille tandis que le mariage interreligieux n’apporte pas forcément des problèmes matériels.
Pourtant, comme les autres perversions, les mariages interreligieux sont de plus en plus nombreux, ils sont tolérés et tendent même à devenir une norme. Dans ses croyances fondamentales cependant, l’Eglise Adventiste du septième jour enseigne que le mariage doit se faire entre croyants.
La croyance fondamentale sur le mariage et la famille (23ème) stipule dans son énoncé qu’«aux yeux du chrétien, les vœux du mariage l’engagent aussi bien vis-à-vis de Dieu que vis-à-vis de son conjoint et ne devraient être échangés qu’entre des personnes qui partagent la même foi.»[6] De façon plus ferme, dans le Manuel de l’Eglise Adventiste, l’enseignement est repris :
Les mariages sont plus aptes à durer et la vie familiale plus capable d’accomplir le plan divin si le mari et la femme sont unis et liés par des valeurs spirituelles et des styles de vie communs. Pour ces raisons, l’Eglise Adventiste du 7ème jour décourage fortement les mariages entre Adventistes et non Adventistes, et presse instamment les pasteurs de l’Eglise Adventiste du septième jour de ne pas célébrer de tels mariages.
L’Eglise reconnaît que la décision finale, relative au choix du partenaire, appartient aux personnes concernées. L’Eglise espère, néanmoins, que si un membre choisit un partenaire qui n’est pas membre de l’Eglise Adventiste, les fiancés comprennent et acceptent que le pasteur Adventiste, qui s’est engagé à défendre les principes soulignés ci-dessus ne célèbre pas leur mariage.[7]-[8]

Tels sont les principes énoncés par les Adventistes du septième jour au sujet du mariage mixte. Mais de plus en plus ces dernières années, des voix s’élèvent contre ces principes et on observe une multiplication des couples où les conjoints ne partagent pas les mêmes convictions religieuses. Fini donc le temps où l’on se mariait et enseignait qu’il faut se marier entre croyants et même entre croyants de même dénomination.
Un des arguments brandis aujourd’hui est qu’il faut se départir de l’intégrisme car il serait à l’origine de l’interdiction des mariages mixtes. Un autre argument en appui est que Jésus a renversé toutes les barrières entre les hommes et que l’interdiction des mariages interreligieux constitue une de ces barrières qui doivent tomber. Certains déclarent que la Bible, et le Nouveau Testament principalement, n’enseigne pas expressément de se marier entre croyants et que tenter de réglementer là où le Nouveau Testament ne le fait pas est une forme d’intégrisme.
Pour juger si l’Eglise enseigne ou non l’intégrisme, il nous est utile d’examiner comment le phénomène des mariages a été géré dans la Bible. Le but de ce travail est donc de mettre à la disposition des lecteurs les réflexions, les faits et les arguments bibliques au sujet des mariages mixtes.
Le mariage se définit comme l’«union légale contractée entre un homme et une femme. »[9] Le terme mixte quant à lui nous vient du Latin «miscere» et signifie mettre ensemble les éléments de natures différentes[10]. Au sujet des personnes il s’agit de la réunion des personnes d’origines sociales, culturelles ou religieuses différentes. Par définition le mariage est donc mixte puisqu’il réunit un homme et une femme.
Dans le cadre de ce livre cependant, la notion de mariage mixte se limitera à traiter des mariages interreligieux. Nous nous focaliserons exclusivement sur la problématique du mariage entre le chrétien et le non chrétien, entre le croyant et le non croyant ; notion qui sera étendue aux unions entre les croyants ou chrétiens de différentes dénominations religieuses. Le vocabulaire « mariage mixte,» « mariage interreligieux » ou « intermariage » se rapportera invariablement à ces notions. Nous ignorerons donc les mariages mixtes de par la race, le statut social, etc.
L’intérêt de ce livre, loin d’être un encouragement à quelques replis identitaires, vise à stimuler la formation des unions conjugales réellement fondées en Dieu. Il s’agit de donner aux personnes se préparant au mariage, les outils et les informations leur permettant de fonder des unions où Dieu est le centre et par lesquelles ils pourront facilement accomplir leur mission évangélique et d’éducation sociale. Pour les couples déjà formés, il s’agit de les motiver à engager pour certains et poursuivre pour d’autres, la quête d’une unité spirituelle qui place Dieu au centre de leurs intérêts et de leur action.
La méthodologie de ce travail sera à la fois bibliographique et exégétique. Nous ferons une étude de certains passages bibliques clés, tout en éclairant nos analyses d’un certain nombre de travaux d’autres auteurs. Le présent livre comporte trois grandes parties : les deux premières se rapportent uniquement à l’examen du phénomène du mariage mixte dans la Bible et la troisième est une réflexion étendue de certains principes sous-jacents à la question des mariages mixtes.
La présupposition de ce livre va vers une réaffirmation de la prévalence des principes bibliques aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament en matière des mariages mixtes. Nous sommes fondés sur l’idée que les principes clairement énoncés par Dieu restent en vigueur, a fortiori s’ils s’inspirent de l’ordre de la création, du modèle et de l’idéal venant d’Eden. Nous proposons que le mariage interreligieux soit sanctionné comme une perversion du mariage au même titre que l’adultère, l’homosexualité ou la polygamie.



[1] On peut dire aujourd’hui que l’adultère se pratique à ciel ouvert. Le très répandu phénomène d’échangisme peut mieux illustrer cette vérité de l’adultère public.
[2] Le lecteur averti devrait considérer le fait que les combats sociaux, comme le féminisme, s’accompagnent toujours des attaques contre l’institution du mariage. Mary Kassian, The Feminist Mistake (Wheaton, Illinois : Crossway Books, 2005), pp.252-53,  démontre que le combat féministe tend à détruire le mariage, la différentiation sexuelle, la famille, etc.
[3] J. Harold Ellens, Sex in the Bible: A New Consideration (London: Praeger, 2006), pp.95-102, affirme la polygamie comme le modèle biblique du mariage.
[4] Les groupes de défenseurs aussi bien de la pratique homosexuelle que de l'ordination des homosexuels au ministère pastoral sont fréquents dans presque toutes les dénominations protestantes, bien que minoritaires. L'Eglise épiscopale, L'Eglise Chrétienne Réformée, l'Eglise Presbytérienne (USA) et l'Eglise évangélique luthérienne connaissent ces problèmes. Voir Wayne Grudem, Evangelical Feminism and the Biblical Truth: An Analysis of More Than One Hundred Disputed Questions, (Oregon: Multnomah Publishers, 2004), pp.513-16.   Samuel Koranteng Pipim s'insurge contre ce phénomène dans l'Eglise Adventiste du 7ème jour dans un article en quatre parties sous le titre "Homosexuality in the Church: Should This "Born-a-Gay" Lifestyle Be Baptized?" publié sur le site web w.w.w.adventistsaffirm.com.
[5] On peut cependant se réjouir de l’article de Ron du Preez qui démontre que l’idéal édénique est bel et bien un mariage monogame, hétérosexuel et dans la foi, faisant du mariage mixte une déviation. Voir Ron du Preez, “The God-Given Marital Mandate: Monogamous, Heterosexual, Intrafaith,” Journal of the Adventist Theological Society 10/1-2 (1999): 23-40.
[6] James A. Cress, ed., Seventh-day Adventist Believe: An Exposition of the Fundamental Beliefs of the Seventh-day Adventist Church, 2nd ed. (Silver Spring, MD: Ministerial Association General Conference of Seventh-day Adventists 2005), p.329.
[7] Manuel d’Eglise Adventiste, éd. 2000, p.187.
[8] Ron du Preez démontre que la position Adventiste sur les mariages mixtes évolue dans le temps ; et cette évolution apparaît dans les récentes éditions des Manuels Adventistes. D’une interdiction très ferme pour le croyant à se marier avec l’incroyant, l’on se retrouve avec des positions relativement assouplies qui augurent d’une ère où les mariages interreligieux seront normaux. Voir Ron du Preez, JATS, 10/1-2 (1999): 23.
[9] La définition du mariage exclut donc les unions homosexuelles, bien que de nombreux pays (Belgique, Pays-Bas, Canada, Afrique du Sud, etc.) aient déjà fait évoluer leurs législations en la matière et que les unions homosexuelles soient autorisées. De nombreuses unions d’homosexuels existent aussi dans certains pays qui n’ont pas encore légalisé le phénomène.
[10] Voir Martyn Back et Zilke Zimmermann, éd., Le Robert : dictionnaire de français (Paris : Dictionnaires le Robert-Sejer), s.v: « Mixte.» Voir aussi « Mixité », Microsoft® Encarta® 2006. © 1993-2005 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.